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Kristel attire de plus en plus



Mohamed et Houari, deux garçons du quartier de Gambetta, habitués à se rendre à Kristel chaque vendredi, décident de renoncer à ce plaisir jusqu'à l'automne prochain. Depuis des années, ils fréquentent ce lieu pour son calme, et des fois, ils profitent de leur passage pour acquérir du poisson frais. Au fil des ans, ils ont pu tisser un réseau de relations sur place. Avant-hier, sur la terrasse du café, tenu par Noureddine, qui donne sur le nouveau port pas encore réceptionné, ils constatent l'affluence inhabituelle vers Kristel. Déjà, les quais de ce port se sont transformés en un véritable parking : des dizaines et des dizaines de véhicules y étaient stationnés. Certains véhicules traînent des remorqueurs de bateaux de plaisance.
D'ailleurs, au large, les sillons blancs laissés par ces engins sont repérables. A propos de stationnement de voitures, Houari, comme tant d'autres, a eu toutes les peines du monde à trouver une place aux alentours du café pour garer sa voiture. Les deux gardiens des parkings qui avaient l'habitude de se chamailler pour attirer les automobilistes, ont repoussé du monde ce vendredi après-midi. L'unique route menant de Belgaïd vers Canastel, sinueuse, très étroite et défoncée par endroits, a été très encombrée, jusqu'au milieu de la soirée de ce vendredi.
A Kristel, trois endroits ont connu un encombrement sans précédent: les alentours du petit marché où coule la source d'eau, aux alentours du café central du village et aux alentours du mausolée de Sidi Moussa. Mais qu'est-ce qui attire les gens vers Kristel, s'interroge Mohamed '
Probablement, en raison de sa proximité de la ville, estime-t-on. Si on excepte Canastel, c'est la plus proche plage à partir des nouveaux quartiers d'Oran-Est. On peut y accéder en moins de dix minutes. La route menant vers les autres plages, notamment celles se trouvant à l'ouest d'Oran, devient de plus en plus problématique. Rien que l'embouteillage devant la sortie principale du port d'Oran, devenu désormais habituel, nécessite une vingtaine de minutes d'attente et de patience. Donc, pour ceux qui cherchent à se soustraire momentanément à la cacophonie de la ville, c'est la destination la plus indiquée et la moins coûteuse en temps notamment.
Cependant, Kristel devient de plus en plus une destination pour personnes en excursion venues des autres wilayas du pays. De temps à autre, des bus et minibus obstruent, le temps d'une halte, la petite route menant vers Sidi Moussa pour « déverser » des visiteurs venus de l'intérieur du pays. Toujours à propos des remarques, Mohamed notera que les femmes se donnent de plus en plus de la visibilité sur l'espace public de ce village de pêcheurs et de petits fellahs. Comparativement aux autres saisons, tiendra-t-il à préciser, lui qui connaît l'endroit depuis des années. Certes, le mausolée de Sidi Moussa attire la gente féminine. Mais la règle générale, ce sont des femmes qui viennent accompagnées par un parent et qui quittent les lieux une fois la visite du saint accomplie. Nous assistons à une autre situation, nous indique-t-on. Les femmes n'hésitent plus à emprunter l'unique voie de ce village pour se balader et certaines, en couple ou en famille, s'attablent sur la terrasse du café de Noureddine pour prendre une glace ou un rafraîchissement. «Ne dit-on pas que le tourisme finit toujours par déteindre sur les m'urs de mise '» lance Mohamed. Abondant dans ce sens, Houari remarquera qu'on est loin de « la permissivité » régnante dans certaines plages de la corniche oranaise où des jeunes filles se baladent en shorts courts mais il émet sa « crainte » qu'on y arrivera un jour.
Si la grande affluence constitue un désagrément pour nos deux visiteurs, elle enchante les commerçants. Pour acquérir du poisson frais, il faut désormais établir des liens soit avec un pêcheur ou au moins avec les mandataires installés dans des bicoques sur le vieux port. Par ailleurs, pour ceux qui répugnent à s'exhiber sur les plages, Kristel offre toujours l'opportunité de piquer dans l'eau sans se donner à voir ni se sentir sous le regard des autres. Elle demeure une destination pour ceux qui préfèrent les rochers au sable, le naturel au factice très en vogue sur certaines plages… Mohamed et Houari envisagent d'y revenir la nuit, durant le mois de carême, pour se baigner dans un endroit qu'ils connaissent bien. Décidemment Kristel leur colle à la peau …
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