Algérie - Habits traditionnels

Kouba (Alger) - Slimane Soualah: Artisan spécialisé dans le burnous et la tapisserie «Nous sommes confrontés au problème du coût de revient»






Originaire de la wilaya de Bouira, l’artisan, Slimane Soualah, est un habitué des salons et expositions. Il nous parle avec passion de son métier, qu’il a fièrement hérité de ses ancêtres.

- Vous êtes spécialisé, entre autres, dans la tapisserie et le burnous pour hommes et enfants. Comment êtes-vous venu à ce métier?

Je dirais que j’ai hérité ce métier de mes parents et de mes grands-parents. Toute ma famille est dans cet univers. J’ai grandi entre les écheveaux de laine et le métier à tisser. Aujourd’hui la relève est assurée avec mes enfants et mon épouse. Nous avons une petite entreprise familiale qui carbure tant bien que mal.

- Est-il vrai que le burnous en Kabylie se décline sous deux formes distinctes?

C’est tout à fait exact. Nous retrouvons le burnous des occasions, notamment pour les fêtes et les réunions de village et pour la prière du vendredi. Nous avons un deuxième burnous baptisé «Achlouh». Il s’agit d’un burnous pour les bergers. Il est entièrement réalisé avec de la laine. La sélection de la laine doit être précise et rigoureuse à la fois. La laine en question, on l’extrait du dos de la brebis ou du mouton.

- Quelle est la spécificité de cette laine?

La laine du dos, au niveau de la colonne vertébrale, est faite de fils imperméables. En temps pluvieux, le berger ne se mouille nullement. C’est en mai que l’on commence l’opération de fabrication d’un burnous. Cette réalisation passe par plusieurs étapes: le coiffage, le cisaillement, le lavage, le séchage, le cardage et le tissage. Pour la réalisation d’un burnous, il faut en moyenne dix moutons.

- Comment mesure-t-on la taille d’un burnous?

Le burnous n’est pas comme le haïk que l’on découpe. Il est mesuré à l’aide du bras du potentiel acheteur. En tout, il faut une dimension de neuf bras. Ce sont des calculs précis où l’erreur n’est pas tolérée.

- Quels sont les problèmes que vous rencontrez au quotidien?

Nous sommes confrontés au problème du coût de revient. Si nous comptons le nombre de jours pour une personne qui travaille durant un mois, à raison de 1.000 DA par jour, nous sommes perdants, quand la pièce est terminée.
Le manœuvre est payé 30.000 DA, alors que nous vendons le burnous à 20.000 DA. Sans compter les frais onéreux de la matière première. Je tiens à préciser que ce sont nos moutons et nos brebis que nous sacrifions.

Nous ne pouvons pas vivre de ce métier, si nous ne faisons pas quelque chose d’autre en parallèle. Ce n’est pas un métier qui enrichit son petit bonhomme. La preuve, tous ceux qui font ce métier au pied du Djurdjura ne possèdent même pas de voiture. En dépit de tous ces problèmes, ce métier reste pour moi une passion, que je me dois de préserver en mémoire de mes ancêtres.

Nacima Chabani
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