Algérie - A la une


Kiosque arabe
Par Ahmed Hallihalliahmed@hotmail.comAlors que je baignais dans une douce euphorie, provoquée par la découverte d'une planète jumelle de la Terre, j'ai été brutalement ramené aux réalités d'ici-bas, et plus précisément à hauteur d'escabeau. C'est justement à cette altitude très banale, pour ne pas dire terre à terre, qu'une amie et consœur non accréditée par la Nasa a photographié l'une des affichettes qui recouvrent actuellement les murs de nos villes. Le message est simple : si tu veux être un homme, sauvegarder ta virilité, assurer le salut de ton âme et celui des âmes de tes proches, voile tes femmes. Appréciez l'étendue de la distance qui sépare Kepler-452b, c'est le nom de cette planète, située à des millions d'années lumière, de cette affiche, collée juste à la bonne hauteur, pour être hors d'atteinte d'un Algérien de taille moyenne. Ce qui est rassurant, en quelque sorte, puisque les adeptes du voile admettent que leur message, placé sous le sceau du divin, n'en est pas moins contestable et donc destructible. Essayons de revenir sans trop de brutalité dans notre atmosphère, où il est permis encore de rêver, même sans se hisser sur la pointe des pieds. D'accord, un petit coup d'œil sur Kepler-452b, dont la rotondité est incontestable et qui a son propre soleil, susceptible d'échapper aux désidératas de la théologie littéraliste wahhabite.Même si cette planète n'est pas habitable, pour l'instant, notamment à cause de sa densité, sept fois supérieure à celle de notre Terre, il n'en reste pas moins qu'elle ouvre plus de perspectives que les portes de l'ijtihad, fermées à double tour par la doctrine susnommée. Vous vous imaginez ce que Kepler-452b, même si elle n'est pas habitable, peut proposer comme pistes à nos rêves, et sans œillères ! Quant à l'affichette placardée comme un bulletin de guerre d'arrière-garde, dans les ruelles et cités urbaines, elle a été battue en brèche sur les réseaux sociaux par cette annonce : une thèse de doctorat affirmant que le voile est une coutume et non pas une obligation islamique, est validée par Al-Azhar. La thèse, dont l'auteur est un certain cheïkh Mustapha Mohamed Rached, a suscité, immédiatement, débats et polémiques sur la toile, et notamment sur Facebook. L'information n'est pas nouvelle, mais il suffit parfois de rien pour relancer un vieux débat et une thèse que beaucoup d'intellectuels tentent de défendre, mais en vain, depuis des siècles. En réalité, il ne s'agit pas d'une thèse de doctorat, mais d'un texte, sous forme de fatwa, publié en 2012, par le même auteur et intitulé «Réponse aux fatwas wahhabites et aux idées extrémistes terroristes». Depuis cette date, des blogs et des sites de journaux sérieux reprennent cette vieille histoire comme s'il s'agissait d'un fait d'actualité, alors qu'ils font du réchauffé.D'ailleurs, Al-Azhar a encore démenti l'année dernière, à la même période, l'existence d'une telle thèse comme pour se prémunir contre les critiques et s'épargner les tracas d'un débat que l'institution a toujours évité. Cheïkh Rached avait précisé d'ailleurs que son texte d'une centaine de pages avait été dédicacé au recteur d'Al-Azhar, qui s'est bien gardé à l'époque de lui faire de la publicité. Ce qui est réellement d'actualité, c'est que le cheïkh Mustapha Mohamed Rached est depuis plusieurs années imam de la mosquée de Sidney, en Australie, tout en étant resté fidèle aux idées qu'il a défendues dans son livre «Réponse aux fatwas wahhabites et aux idées extrémistes terroristes». Du coup, la réaffirmation récente de ces idées sur le site d'échanges sociaux Facebook et sur le mur de l'intéressé a donné l'occasion à certains de relancer la polémique. Mustapha Rached est ainsi revenu sur la question du hidjab que les islamistes veulent à tout prix imposer et pérenniser comme un des piliers de l'Islam. Il a ainsi rappelé que le principal argument des partisans du voile est un Hadith douteux et équivoque. Il s'agit du Hadith concernant des conseils, plus gestuels que textuels, que le Prophôte aurait prodigués à sa belle-sœur, Asma, sur la façon de s'habiller pour une musulmane.Outre le défaut d'être peu clair et peu explicite, ce Hadith a contre lui le fait que son premier rapporteur n'a jamais mis les pieds dans la maison du Prophôte ni été admis dans son entourage. Une thèse qui a été d'ailleurs défendue, par ailleurs, et depuis des décennies par des théologiens comme Djamal Al-Bana, qui a toujours soutenu que le hidjab était une invention. Tout comme le fait aujourd'hui Mustapha Rached, ainsi que d'autres penseurs, Al-Bana a mis au défi les adeptes du voile de citer un seul passage du Coran où il est question pour la femme de se couvrir la tête. C'est ce que vient de rappeler l'imam de Sidney, sur son mur, en disant que le mot hidjab, en arabe, pouvait signifier rideau, paravent, isolant, mais pas couvre-chef. «D'où ils sont allés chercher que le Coran a prescrit le port d'un couvre-chef, alors qu'il est question du hidjab comme rideau '» a-t-il interrogé. Parlant de l'apparition de mouvements terroristes comme Daesh, Al-Nosra, Al-Qaïda et les Frères musulmans, Mustapha Rached a affirmé que ces organisations étaient «le résultat de mensonges historiques», et la conséquence de notre confiance aveugle dans les racontars de théologiens, perçus comme des vérités divines». Les réactions outrées et les anathèmes lancés contre l'imam de Sidney montrent, malheureusement, que les musulmans d'aujourd'hui préfèrent se bercer d'illusions et fermer les yeux, plutôt que de les laisser voir la réalité. Nous persistons à nous accrocher au hidjab comme à une vieille lune, pendant que les Gens du livre, convertis à la laïcité, découvrent pour nous des mondes nouveaux. Des mondes dont nous nous empresserons de profiter, bien sûr, en affirmant qu'on les connaissait déjà .




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