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Khabatou, les leçons...


Khabatou, les leçons...
Que c'est dur de revenir, vingt-quatre heures après, sur un hommage pour la même légende. Mais force est d'admettre que le défunt ne meurt pas facilement parce qu'il s'appelle Smaïn Khabatou, l'entraîneur « démarreur » d'un football algérien post-indépendance. Le sportif, dans toutes les dimensions de l'olympisme, de la compétition et du respect par la dépense de la sueur et l'éclat du talent. Khabatou, ce fut l'image du sportif qui gagne pour tous. L'académie dont tout le monde profite. Malheureusement, malgré sa méthode éclairante, le mouvement sportif national et nombre de responsables qui se sont succédé dans les hautes sphères du football algérien ont réduit l'influence et la fougue de cet homme qui a forgé son statut d'autodidacte en fin limier du football en allant jusqu'en Chine et en Inde pour s'en inspirer et « soigner » ses improvisations, épatant les diplômés et les érudits en football jusqu'en Europe. « Et dire qu'à cette époque, j'étais indigène. Mais sur les terrains, la noblesse s'affichait et je n'en profitais pas. Je ne snobais personne », disait-il, jugeant que la force de l'homme, quels que soient son métier ou son talent, réside dans la sagesse et le partage de l'expérience. Une vision lézardée par la gestion à « vue » des dirigeants du sport national, le football en particulier. D'ailleurs, Khabatou n'attendait rien de ces opportunistes et autres débarqués dans la discipline. Hier, nombre de dirigeants, de footballeurs et d'entraîneurs, toutes générations confondues, ont estimé que l'icône Khabatou est morte de vieillesse et qu'elle a réussi toutes ses missions. Le regret est chez ceux qui n'ont rien fait pour promouvoir le legs de cet immense entraîneur-éducateur, féru aussi de l'art chaâbi d'El Anka, un autre géant qu'on a « oublié » très vite. Une violence contre le progrès sportif. Contre la culture. Justement, Khabatou, qui a pratiqué le yoga dans les années quarante, a conclu que le sport ne peut être violent. Et à l'heure de la généralisation, voire de la banalisation épidémique de la violence, Smaïn Khabatou, qui n'aime pas les termes égoïsme et spéculation, estime que la violence est partout en Algérie, commençant dans les foyers, la rue, l'école, l'entreprise... pour finir dans les espaces sportifs. Les acteurs du sport sont tous responsables, dirigeants, entraîneurs, arbitres et aussi la presse. L'Etat ne s'implique pas alors que la loi lui confère toute latitude d'appliquer à tous la réglementation à la condition d'en donner, en premier, le meilleur exemple. Analyse d'un homme qui, par le soin de vouloir sublimer le football, a plongé dans le monde de la philosophie, l'astrologie, la psychologie, la métaphysique. « Je lis tout », disait-il quand, entre amis journalistes, on le taquinait sur son universalité. L'homme est mort. Sa méthode et ses formules existent encore. Je ne sais pas faire dans les dessins...




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