Algérie - Revue de Presse

KENADSA FACE A UN PRESENT MAL ASSUME




Des traces d?un passé en charbon Kenadsa, 15 août. 11h... La douzième commune située à l?extrême sud-ouest de Béchar et qui compte environ 13 000 habitants semble plongée dans une léthargie et les quelques personnes qui circulent en ville à cette heure-ci s?apprêtent déjà à regagner précipitamment leur foyer une fois les emplettes nécessaires effectuées sous la forte canicule. La paisible agglomération accueille le visiteur à l?entrée par une statue d?un mineur poussant un wagon de charbon symbolisant le passé récent constitué par la principale ressource minière qui faisait jadis la gloire de la petite localité. Dans les années 1940-1950, le village a connu la plus grande concentration humaine multiculturelle et cosmopolite de toute la région du sud-ouest : Français d?outre-mer en mal d?aventure, réfugiés espagnoles fuyant le franquisme, prisonniers allemands de la Seconde Guerre mondiale, Algériens originaires de toutes les régions du Nord désertant la misère de l?ordre colonial, etc. Tous sont venus travailler dans les mines de charbon acheminé par wagons vers les villes et la métropole française. De cette prospérité de l?époque, la ville tire encore une certaine fierté étalant toujours avec le même orgueil de vieux souvenirs et objets trônant dans un musée récemment inauguré. Des outillages obsolètes et de vieux objets sont exposés au visiteur ayant servi aux travaux d?exploitation des mines de charbon qui ont arrêté leur production en 1963. De cet arrêt brutal de l?extraction du charbon, la ville s?est peu à peu dépeuplée au profit de la commune voisine (Béchar) qui lui a ravi son rôle de métropole du Sud-Ouest. Préstigieux écrivains Dans ce musée, des photos des « gueules noires » sont placardées sur des tableaux avec le constant souci de montrer au visiteur ce que fut le passé douloureux des mineurs pour la plupart silicosés aujourd?hui décédés et en première place le bulletin d?embauche datant de 1947 du célèbre comédien français Robert Lamoureux. Le patelin s?enorgueillit aussi d?avoir donné naissance à de prestigieux écrivains algériens tels Mohamed Moulshoul alias Yasmina Khadra, Malika Mokadem, l?écrivain et sociologue Rabah Sebaâ et le spécialiste en agriculture de renommée mondiale Pierre Rabhi. Mais il ne faut pas se leurrer, la nostalgie du passé non lointain s?arrête là et nous ramène à la réalité d?aujourd?hui. L?agglomération vit au rythme des profonds changements et mutations socioéconomiques du pays avec des problèmes de la vie quotidienne identiques à ceux du reste du pays : chômage en hausse, déficit en matière de logement, mal de vivre d?une jeunesse à la recherche des points de repère, absence de loisirs et de distractions, etc. Mais la commune a des atouts certains. Elle a le privilège d?être située à proximité du chef-lieu de wilaya (25 km) où les étudiants ne trouvent aucune difficulté à se déplacer pour rejoindre le centre universitaire de Béchar par des moyens de transport réguliers. Dotée de 4 établissements primaires, de 3 CEM, de 1 lycée et de 2 salles Internet fréquentées dans la soirée par les jeunes de la localité, la commune a entrepris des démarches pour l?ouverture d?une annexe d?un centre de formation professionnelle de Béchar qui sera ouverte probablement au courant de l?année 2004, selon un élu. Kenadsa est aussi connue pour sa célèbre zaouïa de Sidi M?hamed Ben Bouziane située au c?ur du ksar et fondée vers 1680. Marasme Aujourd?hui, la zaouïa a certes perdu, comme presque toutes les autres, de son prestige d?antan à cause de l?évolution des m?urs et des mentalités. Son actuel dirigeant n?est autre que le président de l?APW de Béchar en exercice qui veut réhabiliter la confrérie religieuse de ses ancêtres par l?institution d?une école coranique avec internat pour renouer avec son prestigieux passé. Les travaux de rénovation du ksar de la zaouïa ont été lancés et en voie d?achèvement et financés dans le cadre du programme Sud. Sur le plan culturel, il est à noter que des trois troupes musicales classique, moderne et traditionnelle qui se produisaient lors des fêtes nationales et à l?occasion des mariages dans les années 1960-1970, il n?en resta que la troupe traditionnelle El Ferda dont la longévité serait due, à en croire ses adeptes, à la cohésion et la volonté de ses membres qui ont su préserver et perpétuer les qasidate et transmettre cet héritage à travers plusieurs générations. La Direction de la culture de la wilaya a organisé, au mois de juin dernier à Kenadsa, une réception en l?honneur des animateurs de la troupe et a récompensé particulièrement son doyen Mohamed Medjadi dit Bendérouiche, âgé de plus de 80 ans. En matière d?infrastructures, la commune de Kenadsa est relativement bien lotie. Elle dispose d?une infrastructure sportive, éducative et culturelle (un grand stade de football attenant à une piscine de compétition, une Maison de jeunes, un centre culturel, un terrain de tennis, etc.) que lui jalousent plusieurs communes de la wilaya. Elle va bientôt s?enrichir d?un conservatoire musical dont le projet a été arrêté lors de la visite présidentielle du mois de janvier dernier. L?APC est dirigée depuis 2002 par une équipe jeune qui a récemment édité et lancé une revue mensuelle à caractère culturel intitulée Les Echos de Kenadsa qui se veut le reflet des préoccupations des citoyens de la localité en matière culturelle. Selon ses animateurs, l?objectif de la revue serait la redynamisation du secteur culturel plongé dans le marasme et la découverte de nouveaux talents.





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