Algérie - Revue de Presse

Justice glacée et hot line



Ce pourrait être un dessin de Dilem ou du Hic ; un juge est pendu à son portable, attendant le verdict qu?il doit jeter à la face de l?accusé qui, lui, n?a plus d?unités pour appeler son avocat, ce dernier étant de toutes façons hors champ. Derrière la vision de ces caricaturistes qui méritent la prison, il y a lieu de constater que jamais dans l?histoire algérienne, les juges n?ont été aussi sévères qu?en ce moment. Mis à part l?épisode « chasse ouverte aux cadres » (c?était déjà Ouyahia), l?actuelle main lourde des juges n?a pas d?équivalent dans le passé. Entre les centaines de manifestants et syndicalistes derrière les barreaux, l?incompréhensible peine de prison prononcée contre le directeur général de la CNAN parce qu?un bateau a coulé pendant qu?il prenait sa douche et les lourdes sanctions contre les journalistes assorties de grosses amendes contre leurs journaux, la justice montre toute sa cruauté. Sur l?autre versant, qu?y a-t-il ? Les inévitables grâces du 1er Novembre, celles de l?Aïd, du 19 Juin ou de l?anniversaire du ministre de la Justice et comme l?a rappelé Farouk Ksentini, 200 condamnés à mort graciés par le président qui a commué leur peine en perpétuité. Si l?on ajoute à ces mesures de clémence l?amnistie générale, le grand pardon, la rahma de Zeroual et le tout peut s?oublier de Jacques Brel, on pourrait penser que la justice sait être tendre quand il le faut. Mais à bien y regarder, toutes ces mesures citées ne sont pas du ressort des juges, mais d?autorités supérieures. Alors juges méchants, bon président ? Cette conclusion étant trop simpliste, il faut se demander qui actionne la justice et définit les peines. Le chef du gouvernement, le cousin du président, la secrétaire du cabinet noir ou simplement le juge ? Dans l?Algérie d?aujourd?hui, répondre à cette question est déjà un délit. Amende, prison et lapidation. Un grand classique.



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