Algérie - Revue de Presse

«Juste une gifle» de Nadjib Stambouli L’histoire d’un couple presque parfait



«Juste une gifle» de Nadjib Stambouli L’histoire d’un couple presque parfait
Publié le 02.03.2024 dans le Quotidien l’Expression

L’histoire est à première vue banale. Un mariage, celui de Dila et Douni, deux êtres en apparence comblés par la vie….
«Juste une gifle» est un roman qui parle de notre société d'aujourd'hui. Un texte qui lève le voile sur certaines souffrances cachées, sur certaines douleurs que beaucoup, malheureusement, par le poids des traditions sans doute, taisent et ne considèrent pas comme des drames, notamment sur le plan psychologique. Surtout quand la victime est une femme, à l'instar de Dila, le personnage-narratrice de ce roman, qui obéit quelquefois aux désordres du coeur mais se laissera tout au long des 139 pages de ce livre emporter par les vagues causées par sa blessure dans l'âme. L'histoire est à première vue banale. Un mariage, celui de Dila et Douni, deux êtres en apparence comblés par la vie. La première est enseignante dans le primaire, le deuxième est à l'université. Ce mariage célébré dans les pures traditions algéroises, qui devait sublimer le bonheur, produira pourtant une violence à laquelle personne ne s'attendait. Tout part alors d'un simple geste... Juste une gifle, et tout s'écroule! Surtout pour Dila, qui, comme une feuille ou une fleur fragile nous montre toute sa blessure intérieure. Elle nous livre à travers un débordement descriptif un exemple de pratiques tyranniques (celles de son mari) cachées par les convenances ou les apparences. Avec l'aide de sa directrice et quelques autres victimes de ces violences perfides, elle donne l'assaut psychologique aux murs qui maintiennent l'oppression que sont le silence et la peur; la peur d'affronter ces hommes, qui souvent sont au-dessus de tout soupçon, mais dont l'esprit ne veut s'affranchir de cette mentalité qui croit à l'infériorité de la femme. Ce temps justement lui fournira bien d'autres matières pour se convaincre qu'elle survivrait mal à vouloir continuer avec Douni. La rupture est inévitable car à cette histoire de sentiments se glisse l'hypocrisie de Douni, ses obsessions, son égo et plein d'autres contradictions propre à l'être humain. L'auteur nous le dit par des mots simples mais au sens très éloquent. Le vocabulaire est riche et chaque phrase à sa moisson à nous livrer. Le lecteur découvrira progressivement la mesure du conflit entre Dila et Douni. On y lit une sorte de confrontation entre l'idéal sublimé du mariage face à une réalité amère, celle de Dila, qui en apparence nage dans le bonheur mais qui vit en réalité une violence dissimulée sous des déguisements multiples. Une violence produite par le seul fait de l'être humain avec toutes ses ambiguïtés et son souterrain psychologique. Dans ce texte qui se distingue aussi par une précision descriptive du monde citadin- une véritable immersion-, rien ne se lit avec des visées moralistes, ni idéologiques. Seuls les sentiments semblent être l'essentiel. L'accent est mis sur ces artifices de mots et de pratiques utilisés pour masquer nos démences intérieures. La spontanéité dans le récit est frappante, des détails de la vie courante, réalités de notre époque et profondeur des sentiments sont les seuls atouts pour affronter les flots de la vie où la narratrice surnage avec courage sur les vagues de ses angoisses, de ses tourments, de ses obsessions. Tout est mouvement pour elle afin de s'arracher d'un drame que beaucoup accueilleraient malheureusement dans un arrangement corruptible pour ne pas dire mortel. Un livre à lire pour sa très belle texture littéraire mais aussi parce qu'il (déchire le voile) pour un voyage dans les profondeurs de notre société d'aujourd'hui.

*Auteur
LOUNES GHEZALI*

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