Il s'appelle Hassan Juma'a Awad. Il dirige l'Union dessyndicats des travailleurs du pétrole en Irak et il est à la pointe du combatcontre la nouvelle loi sur les hydrocarbures. «Elle ne sert pas l'intérêt dupeuple irakien», a dit le syndicaliste, qui a déjà reçu des menaces de mort.L'administration américaine, qui présente cette loi commeun facteur de « réconciliation nationale », s'agace des résistances quis'expriment en Irak contre une loi qui va engager l'économie du pays pour aumoins quarante ans. L'enjeu est en effet considérable. Un gouvernement soustutelle étrangère est-il qualifié pour adopter une telle loi ? L'écrasantemajorité des Irakiens pense que le pétrole a été le but de la guerre américainecontre leur pays. Ils considèrent que la loi en question est une tentative delégaliser la prise du butin.Une centaine d'experts viennent d'appeler les députés de laZone verte à ne pas s'empresser de donner le quitus à une loi nuisible auxintérêts de l'Irak et à son unité. Les prises de positions en Irak desyndicalistes et d'économistes, mais aussi de courants politiques, semultiplient contre le projet de loi adopté par le gouvernement et qui est enpasse d'être soumis au Parlement.« L'histoire sera sans pitié pour ceux qui signeront cetteloi », a déclaré Hassan Juma'a, dont le syndicat, né sous l'occupationaméricaine, a pris une orientation de plus en plus nationaliste dans un Irakpoussé aux confrontations fratricides sur des bases ethniques et religieuses.Depuis, le syndicaliste n'est plus seul, même si un halo demenaces pèse sur lui. Le paradoxe est que l'occupant cherche, avec lacomplicité du gouvernement de la Zone verte, à faire passer cette loi sous lelabel de la réconciliation. Or, concrètement, elle mine l'unité de l'Irak,détruit de facto l'entreprise nationale pétrolière et livre durablement lepétrole du pays aux entreprises des pays occupants. Il n'est pas faux de direque le combat contre cette loi est la quintessence même de lutte contrel'occupation.Pour l'administration américaine, soumise à des pressionsde sa propre opinion pour planifier le retrait d'Irak, il s'agit bien de sauverle bilan d'une entreprise sanglante que beaucoup aux Etats-Unis considèrentcomme une « guerre perdue ». Faire voter une loi qui garantit le contrôleaméricain sur les prodigieuses ressources pétrolières de l'Irak, voilà quitransformerait l'échec en victoire. On ne comprend pas autrement les hautespressions qui s'exercent pour une adoption rapide de la loi.Les députés irakiens, qui partent en « vacances » en raisondes chaleurs estivales, traînent les pieds et cela agace fortement lesAméricains qui entendaient l'intégrer comme un élément positif dansl'évaluation de la politique en Irak, prévue à la mi-septembre. Mais lacampagne menée courageusement par les syndicalistes et de nombreux acteurs neprend pas de vacances. L'enjeu pour beaucoup n'est pas le partage interne de lamanne pétrolière, mais la part qui doit être dévolue aux entreprisesétrangères. Les opinions publiques dans le monde arabe doivent être attentives:il faut soutenir le syndicaliste Juma'a Awad.
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Posté Le : 22/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com