Algérie - Divers sujets sur la littérature


Jules Verne et l'Algérie
Jules Verne (1828-1905) est rarement cité comme un auteur ayant traité de la conquête de l’Algérie. Il l’a pourtant visitée en deux occasions et aimée. Dans plusieurs de ses romans, il situe l’action en Algérie et plus particulièrement en Oranie.
En 1855, la conquête de l’Algérie se poursuit. Jules Verne a 27 ans et écrit des opérettes, des comédies, des poèmes et même des chansons. Il fait alors la connaissance du capitaine Abatucci, commandant d’une compagnie de zouaves qui lui demande d’écrire une » chanson de marche « . En effet, ce corps d’infanterie, créé en 1831 en Algérie, vient de s’illustrer en Crimée et ne possède pas d’hymne célébrant ses exploits. Jules Verne, patriote, conçoit » En avant les Zouaves » (sur une musique d’Alfred Dufresne), chant qui restera peu connu et sera vite détrôné par Le Clairon de Déroulède (1874), remplacé à son tour par le célèbre » Pan ! Pan ! L’Arbi « , où il est plus sérieusement question de cet étendard des zouaves, authentique régiment des Français d’Algérie pendant les deux grandes guerres, qui flottait » calme et vainqueur, sous le soleil brûlant de l’Algérie « , avant de » voler au cri d’appel de la mère Patrie » ou de se déployer au vent de la Crimée « .
Jules Verne ne marque pas les esprits comme parolier mais connait son premier succès en 1862 avec la publication de Cinq semaines en ballon (1) dont l’action se situe en Afrique centrale. Entre 1860 et 1870, la colonisation de l’Algérie suit son cours, deux des cousins de l’auteur y font une carrière militaire (2) et son beau-frère et ami, Auguste Lelarge, s’installe à Oran. Ce sont eux qui lui fournissent les principaux renseignements lui permettant de rédiger, en 1866, six pages sur les nouveaux départements d’Algérie dans sa Géographie illustrée de la France et des colonies. Bien qu’à usage » pédagogique « , il y vante les températures, » le climat d’Algérie est l’un des plus beaux du monde » et met en valeur l’action colonisatrice et le progrès apporté par la France.
Il écrit ensuite plusieurs ouvrages à succès comme Les enfants du capitaine Grant (1868), Vingt mille lieues sous les mers (1870), De la terre à la lune (1872), etc., mais c’est dans Hector Servadac, voyage à travers le monde solaire, en 1877, que Jules Verne choisit pour la première fois l’Algérie comme cadre d’un roman.

Dans ce livre, la terre est heurtée par une comète ; une portion de la planète est alors propulsée dans l’espace. Sur ce morceau de terre errant dans la galaxie, seule une partie, surnommée » L’île Gourbi « , est » féconde et agréable « .
» Ce cadre charmant « … » dont de nouvelles plantations avaient fait un riche et vaste verger » n’est autre qu’une évocation de Mostaganem et de ses alentours.
Des l’année suivante, Jules Verne souhaite découvrir par lui-même la Méditerranée et l’Algérie. Il entreprend une croisière à bord de son voilier » Le Saint-Michel III « , accompagné de son fils Paul, de son petit-fils Gaston, de Jules Hetzel (fils) et de Raoul Duval. Ils visitent Lisbonne, Cadix, Gibraltar, Tétouan puis Oran, Mostaganem et Alger. A Mostaganem, il retrouve Georges Allotte de la Fuïe et, à Alger, il est reçu par de nombreuses personnalités.
Charmé par ce premier voyage, il repart en 1884 et tient cette fois-ci un journal de bord (malheureusement perdu). A chacune de ses escales, il est accueilli chaleureusement par la population et la presse algérienne locale lui consacre un article. A Oran, l’accueil est particulièrement enthousiaste et pas moins de sept journaux d’Oran commenteront l’événement. On peut notamment citer l’hebdomadaire » L’Algérie comique et pittoresque » qui revient sur cette visite dans deux numéros et lui consacre sa page de couverture le 15 juin 1884. La caricature représente Jules Verne assis au fond de l’eau, avec comme horizon la ville d’Oran et la colline de Santa-Cruz.
Il est invité par la Société de géographie d’Oran à un grand punch en présence de la presse, de militaires et de notables de la ville. Il reprend ensuite sa route vers Alger puis Bône avant de rejoindre Tunis, Carthage et de rentrer en France.

Suite à ces deux périples, Jules Verne écrit en 1885 Mathias Sandorf dont l’action se situe en majorité en Méditerranée. Il y évoque les similitudes entre la France et l’Algérie dans des passages comme celui-ci : » Les riches provinces de cette Algérie qu’on a proposé d’appeler la Nouvelle-France et qui en réalité est bien la France elle-même « . On note un engouement grandissant pour ces nouveaux départements dans Robur le conquérant en 1886 ou Jules Verne décrit Bône, » et les gracieuses collines de ses environs « , Oran, » la pittoresque » ou encore Philippeville » qui semble avoir été découpée dans le Bordelais ou les territoires de Bourgogne « . Il mentionne également le Sahara et la construction du transsaharien (alors un simple projet).

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