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Jihad Azour, Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI : «L'intégration maghrébine est la réponse pour une reprise efficace»



Il ne peut y avoir de reprise sans une réponse solidaire», c'est le conseil que donne Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, aux pays de l'Afrique du Nord.Dans un webinaire organisé autour de la question de «la jeunesse et la Covid-19 : les défis de l'emploi en Afrique du Nord», Azour appelle de tous ses v?ux à une intégration régionale qui permettra une réponse beaucoup plus efficace au défi de l'heure. «Le monde à fait face à une crise sans équivalent par son ampleur, sa profondeur et sa complexité?
Nous avons eu une chute de croissance des indicateurs économiques la plus rapide en une période aussi courte? C'est aussi une crise qui a révélé les faiblesses de nos économies», indique le responsable du FMI en notant la difficulté de savoir le mode de reprise à adopter, d'où la nécessité de le faire ensemble dans un esprit solidaire. «Cette crise a eu un impact sur tous les pays de la région, qu'ils soient exportateurs de pétrole ou non?
Elle a pour effet une chute de croissance de 4 et 5% dans une région où le taux de croissance est déjà très faible. Cette crise a impacté aussi négativement le secteur de l'informel et les catégories sociales les plus défavorisées. Mais elle a d'un autre côté montré certains éléments sur lesquels nous pouvons bâtir et reconstruire, comme l'importance de la technologie ainsi que la rapidité de réaction de sociétés face à cette pandémie.
Malgré les faiblesses institutionnelles que nos pays connaissent, nous avons constaté une gestion valable de la crise», soutient Jihad Azour. Et de noter que l'Etat seul ne peut pas apporter les réponses nécessaires pour une reprise rapide et efficace. «Il faut une implication de toutes les forces vives de nos nations, l'Etat ne peut gérer seul cette reprise.
Mais aussi, il ne s'agit pas d'une reprise que chaque Etat doit faire seul, c'est au contraire le moment pour une plus grande coopération avec les pays voisins qui partagent une culture et une histoire? C'est le moment ou jamais de laisser les clivages passés et de créer un espace permettant un peu plus de croissance, un meilleur cadre économique et créer plus d'emplois», suggère le responsable du FMI. Il notera, à cet effet, qu'une étude que son département avait réalisée l'année dernière, avait conclu que la suppression des barrières entre les pays du Maghreb pouvait générer une croissance de 1% et des millions d'emplois. «Les événements ont dépassé les clivages et les structures actuelles? Il faut changer de paradigme?
La soutenabilité de nos ressources, de notre modèle solidaire, de la capacité de résilience de nos sociétés sont des forces qu'il faut développer», plaide le même responsable en avertissant que la non-intégration maghrébine en ce moment fera perdre une autre décennie à la région avec une croissance très lente.
Jhad Azour appelle aussi à créer un forum d'action impliquant tous les acteurs, Etats, organisations régionales ou internationales, société civile afin de mettre au point l'idée d'une réforme profonde et efficace. «Il faut adopter une dynamique collective pour trouver une réponse commune?Nous nous trouvons dans une situation de grande incertitude (?). Cette crise sanitaire peut se renouveler», avertit Azour avant de souligner qu'il faudra compter sur cette grande maturité de nos sociétés qui ont réagi efficacement, et sans l'implication des citoyens, les plans de lutte contre la pandémie n'auraient pas réussi.
C'est pourquoi, dit-il, il faudra élargir l'espace d'action, ne pas le confiner aux seuls appareils de l'Etat et faire en sorte que toutes les énergies puissent participer pour plus d'efficacité dans la réponse à adopter. Par ailleurs, il y a aussi lieu, soutient Azour, de créer des opportunités pour l'implication des jeunes et des femmes.
On ne doit plus, dit-il, parler de «lutte contre l'informel» car c'est déjà donner une connotation négative à ce secteur. «Il faut plutôt élargir l'espace d'intégration, créer des opportunités pour permettre à ceux qui sont dans l'informel d'entrer dans le cadre formel», estime Jihad Azour, en précisant que le rôle de l'Etat est d'accompagner par des lois et des facilitations financières les jeunes pour leur permettre de créer des entreprises et de participer à la relance économique. «Il faut faire confiance aux jeunes et permettre à la solidarité sociale de prendre toute sa place.
Les jeunes savent quels sont les secteurs porteurs, à l'Etat de les accompagner en leur offrant le cadre de réaliser leurs projets, à travers notamment un système d'infrastructure, la protection sociale et plus d'inclusion financière», conseille Azour en notant que «nous sommes aujourd'hui dans un moment de transformation globale». «Il ne faut pas que le nouvel ordre mondial se fasse au détriment de nos pays et de notre région, il y a beaucoup de richesses dans cette région et il faut qu'elles profitent à la construction de son avenir. Il est urgent de se mettre vite au travail et penser à l'intégration entre pays de la région, mais aussi avec les pays africains et l'Europe», plaide le responsable du FMI d'origine libanaise.
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