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"Je serais très fier de voir mes livres traduits en tamazight"



La bibliothèque "El-Ibrahimi" de Aïn Témouchent n'a pu contenir tout ce beau monde dont de nombreux lecteurs, venus des wilayas voisines pour rencontrer Yasmina Khadra, invité jeudi après-midi pour une vente-dédicace à l'occasion de la sortie de son dernier roman Khalil.Avant d'entamer la séance de vente-dédicace, l'écrivain algérien s'est exprimé devant un parterre composé d'intellectuels hommes et femmes, d'étudiants et d'auteurs locaux en répondant à certaines questions liées à l'évènement. D'emblée, Yasmina Khadra a estimé que le livre est une responsabilité citoyenne. ??Sans lui on est presque sans repère. Le livre n'est pas seulement un outil de réflexion, c'est surtout un miroir'', a-t-il déclaré tout en regrettant que cette rencontre ne se soit pas déroulée dans un centre culturel qui offre des meilleures conditions. "C'est vrai que c'est très difficile aujourd'hui d'avoir les endroits pour une rencontre publique. Moi, j'aurais aimé venir dans la wilaya de Aïn Témouchent pour le faire au centre culturel, là où les gens peuvent s'assoir et écouter. C'est comme ça que ça se passe dans le monde entier. Mais il se trouve que les initiatives sont malheureusement individuelles, des libraires, des gens, des amis du livre qui créent l'évènement". Abordant son dernier né Khalil, Yasmina Khadra a indiqué que la décision d'écrire ce livre est venue après avoir été profondément outré par ce qui se passe en Europe. "Il y a un courant diabolique composé d'intellectuels, de philosophes, d'écrivains et de politiques, qui veut faire croire que le musulman est un terroriste potentiel et que le Saint Coran est un grimoire satanique. J'ai voulu réagir contre ce courant qui est tout puissant parce que derrière, il y a des réseaux, des lobbies et des Etats qui veulent du mal à l'humanité entière. J'ai développé une empathie pour le lecteur, pour l'aider à recouvrir son libre arbitre, car il n'y a aucune différence entre un raciste et un djhadiste. Si celui-ci est passé à l'acte, le raciste attend son heure. C'est la même ignominie, la même perfidie. Le monde a été créé pour un imparfait. Et c'est justement la vocation de l'être humain d'essayer de rester soi-même''. Par ailleurs, il n'a pas manqué d'afficher son enthousiasme face à cette foule : "Sincèrement, vous êtes magnifiques parce que vous continuez de croire en le livre, de ne pas baisser les bras et c'est peut-être le véritable combat citoyen. Ne jamais accepter la démission, la néantisation, car si la culture venait à disparaître c'est la faune qui triompherait". Selon lui, la famille est la première école d'un enfant. Elle doit l'encourager à découvrir le livre pour ne pas le livrer à la rue. "Cependant, on ne peut pas imposer un livre qui n'est pas en mesure de fasciner l'enfant. C'est pour cela que je ne suis pas tellement d'accord avec ce qu'on fait lire à nos enfants au lycée où on leur impose des livres classiques de Proust par exemple. Il faut que ce soit un livre qui parle directement à l'enfant qui le secoue, qui l'éveille au bonheur de lire qui est un moment fantastique". Pour lui, la littérature est une vocation. Il y a des gens qui sont nés pour écrire. "La seule différence entre les écrivains se situe dans la créativité, et c'est le lectorat qui forge l'écrivain. C'est pour cela que chaque fois quand je me déplace dans les villes algériennes j'essaie d'éveiller le citoyen sur sa responsabilité". "Vous voulez une culture, créez-la. Aidez-la à survivre". Yasmina Khadra s'est défendu d'être un traître comme le taxent certains médias arabophones, car son tort est d'écrire en français. "Si les médias ne participent pas à ce que le livre reprenne sa place dans la société, beaucoup d'écrivains finiront dans l'oubli". À une question de Liberté sur l'idée de traduire ses livres en tamazight, l'auteur de Khalil a préféré renvoyer la réponse aux éditeurs. "C'est l'intérêt des éditeurs qui prime. Ce sont eux qui voient si tel livre pourrait intéresser le lectorat. Moi, je serais très fier de voir mes livres traduits en tamazight, parce que mes livres sont traduits dans toutes les langues même dans la langue créole. La traduction permet à une ?uvre d'élargir son lectorat''. Le sujet sur le phénomène des harraga n'a pas été en reste lors de cette rencontre. Pourquoi pas un livre sur ce sujet ' "Il y a beaucoup de gens qui ont écrit sur les harraga et je ne vois pas ce que je vais trouver de mieux à raconter parce que j'avais déjà participé à un livre intitulé La nuit sur la figure qui parle de ces gens. J'écris quand je suis vraiment foudroyé par un sujet. C'est comme ça que je réagis. Peut-être qu'un jour je serais interpellé, mais pour le moment je préfère aller ailleurs''.
M. LARADJ.
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