Algérie - A la une

"J'espère rencontrer le public algérien"



Tarik Benouarka est un compositeur et créateur de spectacles qui a révolutionné l'opéra en l'adaptant en langue arabe. Originaire d'Alger, il commence la musique à l'âge de 4 ans. Poète et dramaturge, son parcours est "marqué par cette double culture musicale et poétique, à la fois orientale et occidentale. Il a à son actif plusieurs créations pour le cinéma, la télé ou encore le music-hall. Il a entre autres composé des titres pour Beyonce, Peter Gabriel et Thomas Dutronc.Tarik sortira son nouveau spectacle Djamila prochainement (en hommage à sa tante Djamila Bouhired).Liberté : Vous vous êtes distingué dans l'univers musical en créant, en 2013, le premier opéra en langue arabe.
Pouvez-vous revenir sur cette aventure qui a révolutionné ce genre musical '
Tarik Benouarka : El-Nafas a été en effet mon premier opéra en langue arabe. Depuis, j'ai composé huit nouveaux opéras et oratorios en développant au fur et à mesure toutes créations, un répertoire. Toutes ces ?uvres contribuent, je l'espère, à partager et faire connaître la beauté lyrique de la langue arabe mais aussi tout un univers imaginaire qui apporte énormément ; je pense à la musique classique dite universelle. Il y a l'aspect musical bien sûr, mais c'est aussi toutes les histoires que je raconte à travers ces opéras qui sont une occasion de transmettre et de partager. De plus en plus de scènes et de maisons d'opéra à travers le monde accueillent mes ?uvres, le public est au rendez-vous comme d'ailleurs la critique qui me témoigne beaucoup d'enthousiasme.
Vous avez sillonné le monde en vous produisant sur les scènes de grands opéras internationaux, mais votre nom reste "méconnu" dans votre pays d'origine. Cela est dû à quoi '
Mes activités m'amènent à beaucoup voyager, mais je suis peu venu en Algérie pour me produire. C'est sans doute la raison essentielle pour laquelle je suis peu connu dans le pays. Je souhaite aller à la rencontre du public algérien et collaborer beaucoup plus avec l'Opéra d'Alger, mais aussi avec des productions algériennes pour réaliser des tournées dans plusieurs villes.
Il y a deux ans, vous prépariez un opéra sur Djamila Bouhired et le spectacle El-Bahdja en hommage à Dahmane El-Harrachi, qui devaient être joués en Algérie...
Le spectacle El-Bahdja hélas n'a pas pu voir le jour, car le producteur n'a pas pu obtenir les droits nécessaires, mais ça reste un très beau projet que je suis prêt à créer un jour. Le répertoire de Dahmane El-Harrachi représente une part importante du patrimoine musical populaire, et sa musique est toujours aussi célèbre. D'ailleurs, certaines de ses chansons font encore le tour du monde aujourd'hui. C'est toute une époque que j'ai envie de faire revivre avec une belle histoire qui parcourt les rues et les places d'Alger la Blanche. L'opéra Djamila est fin prêt ainsi que plusieurs nouveaux opéras que j'aimerais proposer au public algérien la saison prochaine, ainsi que des spectacles pour le jeune public. J'espère que la crise de Covid sera résolue ces prochains mois afin que les conditions sanitaires s'améliorent et que les salles de spectacles et les artistes puissent travailler de nouveau et retrouver le public. L'art et la culture sont à mon avis tout aussi essentiels que les autres aspects de la vie. C'est une part essentielle de notre humanité dont nous sommes hélas tous privés avec cette crise.
Vous avez composé pour de grandes figures de la scène internationale (Beyonce, Peter Gabriel, Thierry Mugler, IAM, The Wailers, Thomas Dutronc et bien d'autres)...
La façon de créer de chaque artiste peut être très différente parfois, et tout l'enjeu de ce genre de collaborations consiste justement à savoir fusionner autour du projet afin que chacun puisse exprimer pleinement sa créativité. Je dois dire que toutes ces personnes que vous avez citées sont sensibles et remarquables. Ce sont également de très grands professionnels sur la scène comme en studio, et mon rôle de compositeur consiste dans ce cas à traduire dans la musique une énergie et tout un paysage musical que nous avons décidé de créer ensemble.
Qu'en est-il des collaborations avec les artistes algériens '
De nombreux projets attendent de pouvoir voir le jour ces prochains mois, et pour certains ce sera l'occasion de collaborer avec des amis, artistes algériens. Avant tout, pour les nouveaux opéras comme Djamila ou bien encore Qays et Leyla, je souhaite les proposer à l'Opéra d'Alger pour l'année prochaine. Il y a aussi des spectacles et de nouveaux enregistrements. Avec le chanteur et musicien Sofiane Saïdani, je prépare un projet qui mêlera musique électronique, pop, world music et raï...
Le secteur culturel a été durement impacté par la crise sanitaire. Quel avenir pour l'opéra en particulier et la musique en général '
Cette crise sans précédent a énormément impacté le monde de la culture et de la création artistique. Le monde de l'opéra n'a bien sûr pas été épargné, mais beaucoup d'initiatives et de questionnements ont émergé de cette crise et qui feront à mon avis évoluer favorablement ces domaines à l'avenir. En tant que créateur, je suis pleinement engagé dans l'idée que l'art de l'opéra, même s'il est constitué de chefs-d'?uvre du passé, doit se renouveler avec des ?uvres contemporaines qui témoignent du regard de notre temps. Cela permettra sans doute à de nombreux nouveaux publics de découvrir cet art musical considéré à tort par beaucoup de gens comme élitiste.
Entretien réalisé par : Hana Menasria


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