Algérie

Involution




Un non-évènement, le congrès de l'UGTA ? Il faudrait être frappé de cécité absolue pourcroire qu'il a un sens quelconque pour le commun des travailleurs et deschômeurs d'Algérie.Les péripéties loufoques de ce congrès, si fortemententouré par le gouvernement, ne peuvent que les conforter sur le fait que cen'est pas la « centrale de Sidi Saïd» qui va être le porte-parole du malaisesocial sous aisance financière de l'Etat. Les syndicats autonomes - en dépit dumarquage sévère des autorités qui persistent dans la stratégie de dissuasion - ontde l'avenir. L'UGTA est devenue une affaire privée. Que Sidi Saïd soitreconduit ne surprend personne dans un pays où la sphère politique et syndicaleofficielle est totalement privatisée.Ces tractations de coulisses, ces ingérencesgouvernementales qui ne se cachent pas, ces appuis partisans de pure commande, toutcela est révélateur de la gigantesque force d'inertie du système. Ceux quiincarnent officieusement la « droite», comme ceux qui sont censés incarner «lagauche» applaudissent à l'unisson et sans sourire le grand bilan de l'UGTA. La grand-messe unanimiste a encore sévi. Elle séviraencore. Quelques syndicalistes ronchonnent mais la plupart connaissent la«règle» et l'admettent comme normale. Ils avalisent, c'est tout.Faut-il à tout prix chercher un message ou un sens à ce non-évènement ? Dans ce cas, il se résumerait à ceci: lechangement est interdit même là où il paraît franchement évident. Il est eneffet difficile de concevoir dans un pays normalement constitué qu'unsecrétaire général d'un syndicat puisse être reconduit après une prestationsimilaire à celle du procès Khalifa. Même dans un système fermé, on auraitveillé, à défaut d'accepter une démocratisation du syndicat, à organiser unchangement de la devanture. Là on fait fort, très fort.Les rares personnes qui croyaient encore qu'il y a unepossibilité de changer les choses dans le cadre des partis et des syndicats«agréés» doivent se faire une raison. Le système est fermé et il ne permet quedes faux-semblants: des partis politiques qui s'interdisent de faire de lapolitique mais qui sont chargés d'applaudir les «bons choix», un syndicatprivatisé décrété unique représentant du monde du travail. Comment ne pascomprendre ceux qui disent que sous le régime du partiunique, il y avait plus de marge ! 20 ans après octobre 1988, on ne peut queconstater la régression.La neutralisation de la sphère politique et syndicale, coupléeà l'aisance financière, peut donner au pouvoir un sentiment de tranquillité. Elleest aussi illusoire que celle qui prévalait avant la secousse d'octobre. Toutesociété vivante porte en elle un besoin de changement. Quand ce besoin n'estpas pris en charge, ce sont les mécaniques de l'involution qui agissent. Enmédecine, le mot désigne la «régression spontanée ou provoquée d'un tissu, d'unorgane ou d'un organisme».

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