Algérie

Investissement à Tlemcen



Les déboires d?un industriel Versé dans l?importation de la banane, le sucre, la margarine et l?exportation du poisson (poulpe et crevette), le TAC, dont le complexe frigorique ultramoderne est une référence en Afrique, menace de cesser ses activités commerciales au grand dam de ses partenaires nationaux et internationaux. « Les comptes bancaires de la société ont été bloqués par le receveur des Douanes de Ghazaouet. Un blocage né de taxes exorbitantes et non conformes à la réglementation en vigueur », souligne, avec un ton amer, le gérant Tabet Aouel Chewki. Composée de six filiales (abattage, conserverie, froid, importation de fruits et légumes, transports et exportation de poisson), l?entreprise au capital social de 22 milliards de centimes est financée à hauteur de 16% du coût de l?investissement par la BADR. L?abattoir de Remchi, d?un coût de 150 milliards de centimes, a été réalisé avec des fonds personnels. « Mais voilà, tout bascule avec le changement qui vient de s?opérer dans les statuts de la BADR qui ne financera que les projets agricoles. Et dire que je suis dans l?agroalimentaire. Un changement qui n?est qu?un avatar supplémentaire qui s?ajoute à d?autres man?uvres machiavéliques qui nous poussent à mettre la clef sous le paillasson. Imaginez que je suis taxé à tort sur les produits semi-finis en contradiction avec toutes les lois du commerce (la murisserie prouve que mon produit est semi-fini et donc je devrais être exonéré des taxes). J?attends depuis des lustres que le ministère des Finances (douanes) daigne me rembourser mes 4% sur l?importation de la banane et ce, malgré la mainlevée obtenue auprès de la justice. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, après une seule année d?activité dans le froid, je suis en vérification fiscale, un procédé qui est en contradiction des textes de l?APSI qui stipulent, entre autres, que cela doit se faire après quatre années d?activité. Maintenant, je m?interroge : dois-je rembourser la banque ? La Douane ? La vérification fiscale ? Dois-je terminer l?investissement ? Est-ce que je dois maintenir mes engagements avec les pouvoirs publics ? Autant de questions qui me mettent à genoux. C?est le dépôt de bilan », affirme, dépité, le gérant, dont une flotte de 50 camions frigorifiques et 500 ouvriers sont immobilisés. L?usine du corned beef tombe à l?eau...  En 2004, le TAC a réalisé un bénéfice de 12 milliards de centimes. « J?ai exporté 500 000 euros de poisson à la Communauté européenne. Pour stabiliser le marché des fruits et légumes, on a fixé des prix raisonnables avec la qualité en prime. Je participe à la résorption du chômage (près de 700 ouvriers y travaillent pendant le déchargement de mes navires. Aujourd?hui, une cargaison de 506 t de sucre est en souffrance au port d?Oran et son dédouanement reste subordonné à la levée du blocage. » Ces contraintes font que M. Tabet est persécuté par ses partenaires : « Des engagements nous lient, et cette cessation d?activité non prévue me pousse à les dédommager, c?est cela les contrats. » Dans cette affaire, un fait nous a semblé curieux : en date du 9 mai 2005, la BADR informe la Sarl TAC qu?elle venait de recevoir « une opposition émanant de la direction des douanes de Ghazaouet valant paiement de plus de 17 milliards de centimes (...), nous vous confirmons avoir bloqué vos comptes ouverts auprès de notre agence ». Bizarrement, les mêmes services des douanes de Ghazaouet, en date du 14 juin 2005, saisissent, cette fois, la banque El Baraka de Tlemcen pour lui demander d?accorder « la mainlevée » à M. Tabet afin de lui permettre de régulariser sa situation par chèque de banque. Une seule institution, deux raisonnements différents pour un même client concernant une même affaire ( ?). A l?heure actuelle, et si le gérant du TAC est fort d?une décision de justice ordonnant la mainlevée, il n?est pas encore au bout de ses peines : « J?ai fait gagné au Trésor public 167 milliards de centimes, je paie 16 millions de dinars d?assurances par an, je fais travailler des centaines de personnes, j?ai fait manger la banane à 60 DA le kilo et j?ai lancé le défi de vendre la viande à 200 DA le kilo, ma récompense a été de me pousser à fermer boutique. J?ai cru en l?investissement dans mon pays, conformément au discours du président de la République... Aujourd?hui, je suis dans la boue, mais je ne perds pas confiance, je continuerai à me battre. » En attendant, le fleuron de l?économie tlemcénienne agonise.



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