Algérie

Investissement à Annaba, Les Saoudiens et les Chinois têtes de file



Le redémarrage de l’activité économique devrait s’amorcer dans les trois prochains mois dans la wilaya de Annaba. Principal facteur de cette reprise : la déclaration d’éligibilité à l’investissement de trente neuf dossiers dont plusieurs portent sur l’investissement direct étranger.

Après avoir claironné ces derniers temps que cette reprise devrait s’annoncer début janvier 2007, le Calpi donne déjà la mesure d’un bruissement économique très audible sur la place économique locale.Ces 39 dossiers portent sur l’équivalent de 1,5 milliard de dollars que de gros investisseurs comptent engager dans différents domaines d’activités industrielles, commerciales, agricoles et services. De par la forte vigueur de la demande en cours d’étude par le Calpi, ces opportunités d’investissement consolident le sentiment général d’une relance économique progressive à Annaba. Elles portent sur des projets nationaux et étrangers d’investissement direct et indirect et n’attendent que l’accord du Conseil national de l’investissement pour être matérialisées. La dernière décision du gouvernement d’accorder beaucoup plus de facilités aux wilayas à disposer d’assiettes foncières est à l’origine de la stimulation des énergies et de la suppression du principal facteur de blocage. Les toutes dernières données révélées par la wilaya montrent que les projets retenus sont d’importance. Particulièrement ceux étrangers (France, Chine, EAU, Arabie Saoudite) et nationaux avec la société Blanky dont les projets concrétisés devraient offrir à Annaba 20.000 emplois. Ce que confirme du reste M. Benghayou Brahim, wali de Annaba, lorsqu’il affirme : « Effectivement le Calpi a étudié et retenu 39 dossiers d’investissement dont plusieurs directs étrangers. Dès leur matérialisation, ils permettront la création de 20.000 emplois directs. » Et ce n’est pas fini. Selon des observateurs de la chose économique locale, l’on estime que la position géographiquement exceptionnelle qu’offre la wilaya de Annaba devrait lui valoir, à très court terme, l’intéressement de beaucoup d’autres investisseurs nationaux et étrangers. Les mêmes sources ont estimé qu’à partir de 2007, Annaba devrait se transformer en un point de rencontre privilégié entre les grands marchés de la Méditerranée et du Maghreb. Par ailleurs, l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce et sa proximité avec les pays de l’Union européenne seraient des atouts supplémentaires pour une réelle reprise économique dans la région favorable aux investisseurs étrangers. C’est pour mieux stimuler cette reprise que la wilaya de Annaba a mis en place un système très complet d’incitations à l’investissement dont la mise à disposition des terrains d’assiette. Ces incitations ont pour objectif d’attirer les capitaux nationaux et étrangers, de promouvoir les investissements susceptibles d’accroître la production industrielle et agricole, les exportations hors hydrocarbures, le tourisme et de développer l’emploi. Il n’en demeure pas moins que certains aspects liés à l’investissement restent encore entourés de flous, même si du côté de l’Agence nationale de développement des investissements (ANDI) Annaba, l’on reste très attentif à toutes les sollicitations. Bon nombre d’investisseurs restent dubitatifs devant le manque d’information sur les garanties de l’Etat en matière d’allègements fiscaux, mise à disposition de terrains d’investissements, d’assistance dans la réalisation d’infrastructures et sur les avantages liés à la création des emplois. Autre facteur de défiance les institutions bancaires. « Les banques algériennes qui sont saturées de mauvais prêts continuent à travailler au rythme de l’économie planifiée. Impavides et sûrs de leurs fins de mois, leurs responsables se refusent à prendre le moindre petit risque. Les multiples scandales bancaires qui ont éclaté ont tétanisé les cadres gestionnaires qui restent sourds à toute demande de crédit. C’est pourquoi la majorité des PMI/PME sont sous le coup d’une asphyxie », explique Boussahba Mohamed Ridha, opérateur économique adhérent de la Chambre de commerce et d’industrie Seybouse Annaba. Cette situation ne semble pas inquiéter d’autres opérateurs économiques qui se bousculent devant le siège du Calpi. Ce dernier a multiplié les réunions de travail. Elles sont destinées à exploiter dans les plus brefs délais les demandes d’investissement qui continuent à affluer. Initialement hebdomadaire, la réunion du Calpi présidée par M. Benghayou Brahim, le wali de Annaba, est devenue presque quotidienne. Tous les secteurs d’activité sont concernés. Les créateurs de projets sont rapidement invités à se présenter au Calpi pour plaider leur dossier au moyen de maquette, moyens audiovisuels, chiffres et lettres à l’appui. D’autres, intéressés uniquement par la mise à disposition d’un terrain qu’ils destinent à des fins spéculatives, évitent cette épreuve de vérité en ne répondant pas à l’invitation. « Ce qui signifie que le message à destination des faux investisseurs est bien passé. Les membres du Calpi n’auront plus à perdre de temps ni à établir de fausses statistiques dans le cadre du développement économique et social de la wilaya. Les véritables investisseurs y compris ceux étrangers qui se déplacent de très loin, y compris de Chine, savent qu’ils trouveront des oreilles attentives à leur projet d’investissement. Des plus de 600 dossiers étudiés, la majorité a été déclarée éligible. Les faux investisseurs ont fait dans l’autoélimination car n’ayant pas d’argument à faire valoir au prétoire du Calpi », a indiqué un des membres du Calpi. C’est dire que dans l’hypothèse haute, basée sur des prémices théoriques proches de la réalité économique locale, on peut affirmer que 2007 sera l’année durant laquelle s’enclenchera le processus de la relance économique. D’où l’importance de l’accélération de la procédure au niveau d’Alger et de la mise en route des dispositions portant sur le foncier. Après les Indiens de Mittal Steel et les Espagnols de Fertial, les nouveaux venus sur la scène économique locale à Annaba sont incontestablement les Qataris et les Chinois. Les premiers s’annoncent avec des investissements conséquents. Outre la maquette de leurs projets (touristique et services) à Sidi Salem, en bordure de la RN44 et sur le site du 19 Juin, en milieu urbain, les Saoudiens ont avancé 500 millions de dollars pour le financement de leur projet. Les seconds sont intéressés par la réalisation d’une aciérie destinée à la production 400.000 tonnes/an d’acier au démarrage. Leur projet fait état d’une extension de l’aciérie à moyens termes. « Je dois préciser que notre wilaya a plus attiré des investisseurs de grands projets que ceux de moindre importance. Il faut dire que le déblocage du problème du foncier a créé l’impulsion nécessaire au développement des investissements dans notre région. Nous n’attendrons personne. Les candidats à l’investissement dans notre wilaya sont nombreux », a précisé M. Brahim Benghayou. Sont également candidats à investir dans la wilaya de Annaba des opérateurs économiques français. Dans le lot, il y a les professionnels de l’élevage et de la transformation agroalimentaire de la région du Limousin. Les Tunisiens dont le degré de développement économique est appréciable dans le Maghreb figurent également sur la liste des opérateurs économiques étrangers hôtes de Annaba dans les prochains jours. « L’Algérie dont le marché intérieur est considérable, l’économie et les finances bien redressées, reste encore entravée, au plan macro-économique, par le caractère autocentré plutôt qu’extraverti de son développement et au plan des relations d’affaires, par des comportements bureaucratiques. Il est impératif de revoir tout ça pour prétendre mieux développer les investissements », a affirmé M. Larbi Benhamadi, opérateur économique. Du côté de la faculté des sciences économiques, bon nombre d’observateurs ont estimé que les perspectives de croissance économique et d’investissement se sont bien installées à Annaba. « C’est le résultat d’une politique économique locale raisonnable et suivie. Berceau de l’industrie nationale notamment dans la sidérurgie, métallurgie, pétrochimie et la transformation agroalimentaire, la wilaya de Annaba a tout pour devenir une des premières régions de croissance du pays », a souligné Attef Belhferaga, économiste.




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