Algérie - Nadia Benyoucef

Interview avec Nadia Benyoucef



Interview avec Nadia Benyoucef
L’Expression: On connaît tous Nadia l’artiste, pouvez-vous nous présenter Nadia la femme?
Nadia Benyoucef: Nadia Benyoucef est, avant tout, une femme comme toutes les autres, mère de quatre enfants, une fille et trois garçons. J’exerçais la fonction d’enseignante et celle de chanteuse en même temps. Il m’était difficile de concilier les deux; alors, j’ai fini par opter pour le chant.

Nadia l’artiste n’empiète-t-elle pas sur Nadia la maman et l’épouse?
A vrai dire, j’essaie de m’organiser pour être au mieux. Je suppose que j’ai réussi. La preuve est là, j’arrive à très bien gérer ma vie professionnelle et personnelle de la meilleure manière. Je ne peux pas favoriser ma carrière au détriment de ma vie personnelle et vice versa.

Comment votre famille vit-elle votre célébrité?
A mes débuts, je ne saurais vous dire comment les membres de ma famille le vivaient. Tout ce que je sais c’est que la situation ne leur a pas causé de gêne. Sachant qu’à l’époque notre société n’acceptait pas vraiment qu’une femme ait ce genre de carrière. Avec le temps, la réputation de «Nadia Benyoucef» auprès du public a eu un bon impact. Je peux vous dire que ma famille en est contente.

Que pensez-vous du statut de l’artiste en Algérie?
Il m’est difficile de vous répondre étant donné que ce statut n’est pas encore complètement défini. Il y a des lois qui attendent d’être validées. On a fait un grand pas en avant puisqu’on nous a attribués les «droits voisins». Ces droits garantissent un pourcentage annuel sur la globalité des activités artistiques, notamment les passages télévisés et radiophoniques de l’artiste. En ce qui concerne la retraite et la sécurité sociale, Mme Khalida Toumi, la ministre de la Culture, est en train de faire de son mieux pour nous les assurer.


Cela fait combien de temps que vous revendiquez ces droits?
Je ne saurais vous donner une réponse précise. Je me rappelle, qu’à mes débuts, j’entendais Si Rabah Deriassa et Mme Saloua converser sur la nécessité de l’acquisition de ces droits. Or, cela n’a pas dépassé le cadre des discussions entre confrères. Lorsque j’ai été introduite dans le domaine artistique, je croyais que l’artiste avait le statut d’un fonctionnaire, mais j’ai vite compris que ça n’était pas le cas. Les seuls à bénéficier de ce statut sont ceux qui travaillent au sein du Théâtre national et ceux qui font partie d’une chorale.

Et vous n’avez jamais pensé à intégrer une chorale pour bénéficier de ce statut?
Non. Les conditions de travail dans une chorale ne m’arrangent pas. Elles réduisent la liberté de l’artiste. Si on l’intègre on est contraint de se limiter aux activités tracées par l’administration. C’est un régime qui ne me ressemble pas.

Quelle est la différence, entre le statut d’un artiste qui vit en Algérie et de celui qui vit en France, où vous avez vécu un temps?
La différence est énorme. C’est tout ce que je peux dire.

Dans le mode de vie?
Oh que oui! Je ne vais pas me référer aux pays occidentaux, ce serait comparer l’incomparable. Je vais prendre l’exemple des pays voisins. Invitée par des confrères tunisiens et marocains, je peux vous assurer que j’ai eu de la peine pour l’artiste algérien. Les artistes de ces pays se permettent de nous inviter chez eux, parce qu’ils disposent de maisons où il peuvent recevoir. Cependant, la majorité des artistes algériens habitent dans des cités. Cela leur pose un obstacle par rapport à leur travail. Un chanteur, par exemple, est obligé de faire ses répétitions chez lui. Le va-et-vient et le bruit peuvent lui causer des ennuis avec ses voisins. Laissez-moi saisir cette occasion pour saluer l’artiste algérien parce qu’il est très courageux, et en dépit de tout cela, il persiste.

Revenons à la musique, avez-vous suivi des études en musique?
J’avais suivi des cours au sein des Scouts musulmans algériens dès l’âge de 3 ans jusqu’à 15 ans. J’avais ensuite intégré El Mouassilia, pendant près de 2 ans. J’ai dû y renoncer parce que mon père n’acceptait pas mon retour tardif de l’école.

A votre avis, quel est l’élément le plus décisif dans la réussite d’un chanteur, le don ou les études musicales?
Les études sont importantes pour forger le don. Mais si on n’a pas ce don à la base, on ne va pas très loin.


Comment expliquez-vous alors le succès de certains artistes qui n’ont aucun don?
La chance existe dans tous les domaines. Il y a des gens qui ont de la chance et d’autres pas. Il ne faut surtout pas compter sur la chance et le hasard pour bâtir une carrière. Il faut plutôt compter sur son talent, c’est une devise sûre. Prenons l’exemple de Mohamed Lamine, il n’a pas eu de chance à ses débuts. Comme c’est un artiste doué, il a fini par connaître le succès.

Vous êtes une révélation de Alhane Oua Chabab (1973). Que pensez-vous de la nouvelle version de cette émission?
C’est une bonne émission. Je trouve son concept différent de celui de l’émission originelle. Il n’empêche que c’est aussi un bon programme.

Laquelle des deux versions préférez-vous?
Je n’ai pas de préférence, chacune a son propre charme

On a remarqué que vous avez un penchant pour les duos (avec Samir Toumi, Chaou, Nacereddine Chaouli...).
Je n’ai pas de penchant pour les duos. Pour ceux que vous venez de citer, ils m’ont tous été proposés. C’étaient de bons duos, donc j’ai accepté.

Pour ceux qui ne le savent pas, Nadia Benyoucef a fait un duo avec le chanteur kabyle Takfarinas. Parlez-nous un peu de cette expérience.
Avant tout, je tiens à préciser que je n’avais fait que le refrain. Le chanteur Takfarinas m’avait contacté et m’avait proposé un duo. J’ai tout de suite donné mon accord.
La langue kabyle m’a toujours apparu attrayante. Ma mère étant kabyle, je comprends la langue et j’arrive à formuler quelques phrases. Arriver à m’exprimer couramment dans cette langue est un rêve pour moi.

Etes-vous prête à renouveler l’expérience de chanter en kabyle?
Volontiers. Avec Kamel Hamadi, on a déjà parlé du projet d’un album en langue kabyle.

Pour quel style de chanson opterez-vous, serez-vous prête à chanter des chansons rythmées (spécial fêtes)?
Pourquoi pas. Faire un album qui contiendrait les deux styles, les chansons rythmées et du «tarab».

Vous avez récemment constitué un orchestre féminin. Cela a-t-il un rapport avec le fait que vous portez le hidjab?
Pas du tout. J’avais entamé ce projet avant même mon pèlerinage à La Mecque. J’ai constitué cet orchestre parce que je voulais faire quelque chose au nom de la femme algérienne.
C’était aussi une sorte d’hommage aux anciennes troupes féminines, comme celle de Fadila Dziria. Le résultat était à la hauteur de mes attentes. Partout où on va, les gens nous encouragent.



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