Algérie - A la une



Intérêt national
«Le seul intérêt de l'argent est son emploi.» Benjamin FranklinMon ami Sid-Ahmed ne pouvait pas se permettre de rater une si belle occasion! Il m'avait tout simplement envoyé un SMS, court et incisif où il me disait: «Mon vieux! Tu es à côté de tes pompes! Ce qui fera couler beaucoup d'encre à la rentrée, ce sera à coup sûr ce fameux projet de loi de Finances 2015! On en reparlera!».C'est vrai! Je ne sais pas comment j'ai pu commettre une pareille bourde! Il est évident qu'une loi qui applique le même taux de fiscalité aux importateurs et aux investisseurs locaux, qu'ils soient nationaux ou étrangers, tourne manifestement le dos au développement de l'industrie du pays et ne manquera pas de provoquer une levée de boucliers chez ceux qui prétendent défendre l'intérêt national. Comme au temps de la tentative de privatisation de Sonatrach! L'intérêt national! Qui peut en parler' Ah le merveilleux concept aussi ardu à définir comme celui d'ordre public: ce qui peut présenter un intérêt dans l'immédiat peut s'avérer être un danger demain. Ce qui dans les comptes d'apothicaire peut sembler d'un grand bénéfice, se traduit souvent dans la réalité comme une catastrophe sociale. Etait-ce dans l'intérêt national de fermer des entreprises viables, de jeter des centaines de milliers de travailleurs dans la rue pour finir par importer des espadrilles chinoises et de la bière sans alcool turque'Jadis, dans les économies planifiées et dirigistes, les responsables du plan n'avaient cure des résultats des opérations économiques engagées. Dans ces pays qui sont en général à parti unique ou avec des oppositions asservies ou laminées, l'économie est souvent dominée par le secteur primaire, et dans ce secteur, la principale source de richesse est l'exportation des matières premières. Dans cette économie, il suffisait de placer les sommes budgétaires allouées pour l'exercice budgétaire en cours, de veiller à ce que l'essentiel des sommes allouées soient dépensées et d'attendre la fin du plan pour tirer les conclusions attendues. Ce sont souvent des bilans aussi triomphants que faux. Tout le monde est content car le plein emploi est assuré et qu'il n'y a pas de risque à ce qu'il y ait des vagues de contestation ou de mouvement social contrariant. Cela n'est pas sans déplaire au maître du système, au Grand Timonier qui dirige le grand cirque économique où le fonctionnariat est pléthorique.Tout le monde le sait. Tout le monde applaudit car tout le monde mange plus ou moins. Tout va bien pour l'immense masse des rentiers.Au lendemain du changement de cap, la réalité amère s'impose et de douloureuses révisions sont nécessaires. Les sommes faramineuses engagées dans le déficit des entreprises publiques vont se trouver bloquées dans les institutions financières qui ne sont pas encore formées à la compétition économique. Le marasme économique qui s'installe durant la période de transition entre économie dirigée et économie libérale sera dure pour les salariés qui connaîtront le chômage, des mois sans salaires ou des salaires gelés durant des années, alors que l'inflation galope.Au-dessus de tout cela, des petits malins, grâce aux complicités qu'ils ont dans les rouages de l'Etat, vont mettre à profit les carences du contrôle des instruments de l'Etat pour rafler la mise et amasser des fortunes gigantesques: aucun secteur n'est épargné par la fraude et la corruption. Les affaires qui s'amoncellent sur le bureau des procureurs de la République témoignent que l'argent qui était jadis englouti par le déficit des entreprises publiques, a trouvé preneur chez des gens qui tenaient le haut du pavé et qu'on présentait comme des sorciers de l'économie.


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