Algérie

Instantané : L'éventaire de la fortune




Dans les années cinquante, la cité de Sidi Abderrahmane Etthaâlibi accueillait le Mawlid Ennabaoui avec une animation et une joie indescriptibles qui collaient au sens de l'événement. Une fête avec ses rues et ruelles enguirlandées. Avec son ambiance feutrée que procuraient les qacadine dans un rituel de prières dans les lieux de culte et l'enceinte du saint patron d'Alger. Avec ses « manaras » aux festons et lampions chatoyants qui parsemaient les artères de la médina, mais, autres temps autres m'urs' Désormais, la jubilation se veut explosive... Toute une panoplie de produits pyrotechniques envahit certains espaces publics de la capitale, notamment le long de la rue Ali Amar qui se transforme en zone libre abreuvée par les nababs qui passent par les mailles du filet douanier. « Les lois sont des toiles d'araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites », écrivait à juste titre Honoré de Balzac. Les éventaires des petits revendeurs qui écoulent pétards de fantaisie, bombes et double-bombes, feux de Bengale et autres joyeusetés sont bien achalandés. On se frotte les mains et on ramasse la thune à la pelle. ça pétarade de partout. ça détone sec et fort bruyamment autour des piétons et automobilistes. Et gare au revendeur qui s'avise à déroger à la mercuriale des articles pyrotechniques ! Celui qui ose faire baisser le cours des prix' La griserie fait perdre le sens des réalités de ses congénères qui n'hésiteront pas à lui faire péter la table qui peut valoir 80, voire 100 millions de centimes, dit-on. Les revendeurs sont sur leurs gardes, se surveillent et ont la fatuité de s'offrir même des « mekassine » pour contrôler ceux qui s'écartent de la règle' Sauf le quidam qui, dans le meilleur des cas, se voit essuyer une « khôlaaâ », sous l'effet d'une détonation assourdissante ou le nigaud qui, quitte à s'endetter, se prête au batifolage en répondant aux caprices de ses bambins. Quant à la non-application du décret n°63-291 du 2 août 1963, relatif à la « prohibition, la fabrication, l'importation et la vente sur le territoire national de pétards et tous les articles pyrotechniques du genre bombe cartouche ou bombe fantaisie », cela est une autre histoire. En termes clairs : « Que peuvent les lois, là où ne règne que l'argent ' », une citation aussi intelligible que juste de l'écrivain romain Pétrone. 
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