Algérie - Revue de Presse

Instantané : Encre belliqueuse


La radio El Bahdja a organisé, hier, une journée de sensibilisation sur la lutte contre la violence dans les stades. Une louable initiative qui a regroupé autour de ce phénomène, qui prend des proportions alarmantes, un panel de participants, dont les gens du monde du football, des artistes et certains corps de sécurité invités pour la circonstance. Ils étaient présents à suivre la caravane de sensibilisation qui aura duré douze heures, s'interroger sur les raisons de cette violence récurrente et ébaucher une esquisse susceptible d'éradiquer ce mal de société qui gagne des pans vulnérables de notre jeunesse. Soit. Le mal est, certes, profond et il s'agit dès lors de s'attaquer à ses racines. Car, ce qui nous est donné à voir comme colère exprimée dans les arènes footballistiques et de manière répétitive donne de la lassitude tant elle est, parfois, abordée dans des analyses tronquées, ne convoquant que très rarement les spécialistes des sciences humaines.D'aucuns imputent l'origine de l'ire à la galerie méchante de tel ou tel club, mettant le feu aux poudres dans les gradins, la « partialité » supposée de l'arbitre dont le tort est d'accorder un penalty, au moment où d'autres, assumant mal l'échec de leur équipe fétiche, stigmatisent le laisser-aller des responsables ou montrent du doigt le chômage d'une foule juvénile en proie au mal-vivre. Lors de chaque dérive relevée dans nos stades, ces arguments sont mis en avant pour expliquer, fait-on remarquer, les déchaînements dans des espaces censés pourtant être des réceptacles de clameurs conviviales. Ce serait, je le concède, peu fondé de dire que les trouble-fêtes soient le propre des supporters algériens, tant les fans des clubs sud-américains ou européens dépassent parfois, en termes de violence, l'esprit chauvin et la brutalité de certaines de nos galeries. Ces galeries mêmes que nourrissent, disons-le crûment, certaines « plumes » de publications spécialisées qui s'adonnent à un exercice de voltige non sans donner un haut-le-corps. Des titres de une qui donnent des frissons dans le dos, tant ils sont trempés dans l'encre au remugle de salpêtre.Car, comment expliquer l'usage d'une littérature « houmiste », voire guerrière lorsque des comptes rendus de matches sont publiés dans des supports dont le souci est de vendre le produit. Combien de fois n'a-t-on pas lu des expressions qui puisent dans l'arsenal d'une caserne du genre « tir d'un obus assassin », « un club atomisé par son adversaire », « un gardien fusillé des 30 yards », « rencontre explosive », « telle équipe se prépare balle au canon », « on va leur montrer », « on gagnera coûte que coûte », etc. ' « C'est drôlement imaginatif et à la limite du pervers », note un confrère déçu par l'inspiration d'une littérature sportive aux relents belliqueux.



Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)