Algérie - A la une


Instantané
Dans le cafouillis des cités et autres lotissements qui fleurissent un peu partout à travers la wilaya, il est devenu difficile au facteur de remettre le courrier aux gens, tant il peine à retrouver l'adresse du destinataire. L'épicier du coin, faisant parfois office de «boîte aux lettres» commune de la cité, est tout indiqué pour l'agent postier. Faute d'adresse précise, ce dernier se perd dans un dédale sans nom pour faire parvenir l'«amana» dans le secteur qu'il patrouille. Nombre de fois, une partie du contenu de sa besace n'arrive pas à bon port et retourne à l'expéditeur si elle n'échoue pas quelque part dans un autre arrondissement.Nombre de rues aussi ne portent ni plaque toponymique ni numéro, des indices censés être fixés au coin des immeubles, à chaque croisement de rues. Il faut battre le pavé en longueur et en largeur pour repérer son destinataire. Dans le même registre, pour situer les arrêts facultatifs qui parsèment une localité, un lieudit, un bourg ou un faubourg, le receveur du minibus vous édifie sur les dénominations, on ne peut plus cocasses, des différentes haltes. Le quidam a du mal à saisir le sens qui surprend par son aspect insolite. Des repères qui sont propres pour désigner des portions de territoire dont l'acception, parfois, est sans perspective, sinon insignifiante.Autrefois, la toponymie puisait du bon sens. Elle empruntait sa règle d'un univers descriptif et imagé pour désigner le plus précisément possible des lieux en osmose avec l'environnement immédiat, contrairement à nos lugubres cités platement désignées par le nombre de logements. Clair Matin, Clairval, Jolie-Vue, les Sources, Frais Vallon, Mont Riant, Beauséjour, Beau-Fraisier, Bel Air, Les Vergers, Deux Bassins sont, entres autres, des références qui épousaient joliment le cadre de vie des gens. Aux temps présents, la désignation d'un endroit fait exhumer un vocabulaire qui n'est pas sans effrayer la raison.La commission de toponymie semble ne plus exercer sa compétence en la matière. Ce qui laisse la place à un imaginaire infécond que l'usage a fini par installer. Le long de la desserte, le voyageur entend le receveur claironner un vocable aussi comique que trivial pour désigner le point d'arrêt d'un lieu : el hadjra (la pierre), ecchadjra (l'arbre), etchina (l'orange), Sonacob, el viradje (le virage), dodana (dos d'âne), placca (la plaque), el gharqâ (la gadoue) et autres dénominations tirées par les cheveux.Même l'automobiliste se voit confronté dans la plupart du temps à l'absence de plaques de signalisation indiquant les lieux ? si celles-ci ne sont pas masquées par une lignée d'arbres ? ce qui l'oblige à tourner en rond au détour d'une intersection pendant des heures pour situer sa «position» qui lui permet d'emprunter la direction appropriée. Combien de fois n'avons-nous pas buté contre l'absence de plaques à l'entrée d'une commune, d'un village ou d'un bourg qu'on sillonne ' En somme, les panneaux de signalétique font tellement défaut dans notre espace urbain et périurbain, générant un agacement et une perte de temps.


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