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Inflation historiquement datée et pouvoir d'achat des Algériens


Au lieu de s'enfermer dans des querelles stériles, nos responsables doivent se poser la question suivante : que sera l'Algérie de 2020/2060 afin d'éviter sa marginalisation en ce monde turbulent et instable qui devrait connaitre d'importants bouleversements géostratégiques tant dans le domaine économique, politique, sociale, militaire et sécuritaire ' Concernant le processus inflationniste où le pouvoir d'achat du citoyen est fonction du taux d'inflation et de son modèle de consommation qui est historiquement daté, 2018 n'ayant pas le même modèle de consommation des années 1970/1980, objet de cette présente contribution, nos responsables enfermés dans des bureaux climatisés devraient faire le marché en tant que simple citoyens, pour s'enquérir des prix réels, sans protocole afin d'être proche à la fois du simple citoyen et de la réalité et éviter des actions conjoncturelles qui amplifiant les problèmes à terme.3.- Il faut reconnaitre un important effort de ?l'Etat pour les subventions et les transferts sociaux mais généralisées sont source d'injustice sociale et de gaspillage. C'est un énorme gâchis supportés par le trésor public alors que bon nombre de ménages souffrent de malnutrition. Mais attention de ne pas se tromper de cibles. Avec la détérioration du pouvoir d'achat, nos enquêtes montrent que bon nombre de ménages algériens se nourrissent essentiellement de pain et de lait. Il s'agit de mettre en place une politique de subventions et transferts sociaux ciblés inter socioprofessionnelle et inter régionale. Les transferts sociaux budgétisés pour 2019 s'élèveront à 1772,5 milliards de dinars, représentant 8,2% du PIB et en hausse de 12,5 milliards (+0,7%) par rapport à 2018. et environ 21% de la totalité du budget de l'Etat qui est près de 8.560 milliards de DA. Les transferts sociaux avaient atteint 1.625 mds DA en 2017 contre 1.239 mds DA en 2010. Ce montant a été porté à 1.760 milliards de dinars durant l'exercice 2018, en hausse de près de 8% par rapport à 2017. Le taux des transferts sociaux avait atteint 22,8% du budget général de l'Etat sur la période 2000-2004, puis 24,5% sur la période 2005-2009, puis 25% du budget de l'Etat en 2010-2015 et 23% entre 2016 et 2017.
Pour le Ministère des finances, le ministère, le soutien des produits énergétiques (électricité, gaz, carburants...) absorbe 60% des ressources consacrées par les pouvoirs publics aux subventions qui ne passent pas par le budget de l'Etat, alors même que ce sont les catégories les plus favorisées qui en profitent le plus Les crédits budgétisés pour les transferts sociaux couvriront notamment plus de 445 mds DA destinés au soutien aux familles, tandis que près de 290 mds DA sont destinés aux retraites et auxquels s'ajoutera une dotation d'appui de 500 mds DA à la Caisse Nationale des Retraites (CNR).. Mais n'ayant pas une vision de sinistrose, la justice sociale, pas l'égalitarisme, n'est pas antinomique avec l'efficacité économique impliquant une plus grande moralisation de la société et des dirigeants, supposant un partage équitable du sacrifice et dont les responsables doivent donner l'exemple et avoir un langage de vérité.
A l'avenir cette généralisation des subventions, injuste par définition, sera intenable financièrement impliquant un ciblage pour les plus démunis et les secteurs que le gouvernement veut encourager transitoirement.. Dès lors, «ce mécanisme généralisé de subventions, outre son coût excessif pour la collectivité, ne répond plus aux objectifs de réduction des inégalités et de protection des populations les plus vulnérables. Compte tenu de ce constat, le besoin de réformer le système de soutien des prix s'impose comme un impératif économique», a avancé le ministère. Mais la mise en ?uvre d'une telle opération passe nécessairement par un système d'information au temps réel notamment la quantification de la sphère informelle qui permet des consolidations de revenus et une large concertation sociale, l'objectif étant la protection des catégories sociales les plus nécessiteuses en explorant toutes les options qui permettent d'opérer des transferts ciblés au profit des ménages les plus vulnérables.
4-Le calcul du pouvoir d'achat réel est intimement lié au processus inflationniste interne et importée, l'économie algérienne étant fortement dépendante de l'évolution cours des hydrocarbures. Pour un ménage vivant seul avec deux enfants, sans voitures et sans dépenses folles, et payant un loyer mensuel seulement de 10 000 dinars/mois, il faudrait au minimum un revenu net de 50 000/60 000 dinars par mois pour vivre très humblement. L'analyse du pouvoir d'achat réel des algériens en 2018, doit intégrer outre les prix de produits alimentaires, l'élévation exorbitante des factures d'électricité, de l'eau , du loyer ou de l'entretien de l'appartement ou de la maison, du coût de la maintenance de voitures personnels pour aller travailler et se déplacer, faute d'une politique de transport en commun efficiente.
Egalement les autres biens non subventionnés importés dont le prix final aux consommateurs connait une hausse tant pour les biens importés au cours officiel, 70% des besoins des entreprises publiques et privés étant importées, les taxes s?appliquant à un dinar officiel dévalué pour gonfler artificiellement la fiscalité et dont les entreprises répercutent nécessairement cette dévaluation sur le consommateur. Mais souvent pour les biens de consommation, faute d'une régulation d'ensemble, les prix s'alignent sur le cours de la devise sur le marché parallèle cotée à plus de 50% par rapport au cours officiel.
En résumé, l'amélioration du pouvoir d'achat des Algériens passe par une réorientation de l'actuelle politique socio-économique pour avoir forcément un taux de croissance supérieur au taux de croissance démographique sinon le taux de chômage ira en croissant (taux de croissance supérieur à 7/8% sur plusieurs années pour créer 350.000/400.000 nouveaux postes de travail par an). Ce taux de croissance dépend d'une nouvelle gouvernance et l'amélioration du capital humain ressource éternelle beaucoup plus importante que toutes les ressources minières éphémères et ce par une lutte contre la mauvaise gestion, les surcouts, la corruption, et un ciblage des projets créateur de valeur ajoutée dans le cadre des valeurs internationales. Ce qui permet d'atténuer les tensions sociales c'est paradoxalement la crise du logement et la sphère informelle qui permettent un revenu collectif (partage des mêmes charges).
Je mets en garde les autorités : la résolution de la crise de logements sans relance économique prépare le nid à une vaste explosion sociale. Cela pose également, l'impératif d'abandonner les vieux schémas des années 1970 notamment en matière de politique industrielle, afin de s'adapter à la quatrième révolution économique mondiale qui s?annonce irréversible entre 2020/2030, fondée sur des réseaux, plus de concertation sociale et plus de décentralisation, à ne pas confondre avec déconcentration avatar de la mentalité bureaucratique rentière ' Devant éviter toute démagogie, ni sinistrose, ni autosatisfaction, une Nation ne peut distribuer que ce qu'elle a préalablement produite pour éviter une dérive économique et sociale.
L'Algérie, qui a d'importantes potentialités surtout humaine, acteur déterminant de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, je souhaite pour mon pays un développement harmonieux pour tous nos enfants, conciliant l'efficacité économique et une profonde justice sociale, dans le cadre de l'interdépendance mondiale, devant apprendre à respecter nos différences (vivre ensemble en paix, l'Islam étant une religion de tolérance), car nous n'avons pas d'autre patrie de rechange
(Suite et final)
Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul


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