Algérie

Inertie



Signe de la vitalité politique du pays ou de l?immobilisme : des institutions de l?Etat attendent depuis plusieurs semaines, sinon des mois, le renouvellement de leur encadrement suite à des changements opérés au sein de leurs organes de direction sans que personne se soucie sur cet état de vacance prolongé au niveau de certaines hautes fonctions de l?Etat. Il en est ainsi de la présidence du Conseil constitutionnel, dont le départ de Mohamed Bédjaoui, nommé au gouvernement au poste de ministre des Affaires étrangères, n?a toujours pas encore connu un successeur. Le paradoxe est que le Parlement a continué dans ce long intermède à fonctionner normalement, alors que le Conseil constitutionnel, un organe chargé de veiller à la constitutionnalité des lois, est amputé de son premier responsable et ne peut, par conséquent, être saisi et rendre un quelconque avis constitutionnel. Imaginons seulement le scénario suivant où l?arbitrage du Conseil constitutionnel est requis pour donner son avis sur une disposition controversée d?un texte de loi voté par le Parlement dans ces conditions de vacance de fait du Conseil constitutionnel ! Le cas de figure ne s?est pas présenté, mais le respect des institutions, qui fait la force et la crédibilité d?un Etat de droit, en a pris un sérieux coup. Une telle situation nous renseigne sur le poids et le rôle véritable des institutions de l?Etat dans un régime présidentiel où le principe de la séparation des pouvoirs est consacré dans la Constitution, mais pas dans la pratique du pouvoir. Ce sentiment d?indifférence du Pouvoir devant le climat de déshérence qu?offrent certains segments institutionnels est d?autant plus inquiétant pour la construction de l?édifice institutionnel démocratique du pays que le cas de la vacance prolongée à la tête du Conseil constitutionnel n?est pas un phénomène isolé. Deux mois après le dernier remaniement ministériel, des postes de l?Exécutif - ceux de la communication et de l?émigration - attendent toujours leurs nouveaux locataires. Au niveau local, on montre également peu d?empressement à faire remplacer les walis écartés de leur poste suite aux affaires de malversations qui ont défrayé la chronique au niveau, notamment, des wilayas d?Oran et de Blida. Avant cela, des APC, par paquet, sont restées gelées pendant des mois, voire des années, certaines d?entre elles le sont encore jusqu?à aujourd?hui, faute de consensus entre les élus issus des différents partis pour dégager une majorité locale. Il faut croire qu?il s?agit là d?un véritable mode de gouvernance qui tend à résoudre les contradictions de la société par la culture de l?inertie.



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