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Inégalités sociales




Inégalités sociales
en croire nombre de sociologues, de chercheurs en économie et géopolitique, nationaux et étrangers, les disparités se sont bien au contraire accentuées. Donc, beaucoup reste à faire pour y parvenir. Et c'est justement une iniquité des plus frappantes en termes de politiques de développement, à savoir le traitement entre les territoires du Nord et ceux du Sud par lequel se distingue notre pays que devrait décrypter Nadji Khaoua, maître de conférences et maître de recherches à l'Université Badji Mokhtar de Annaba devant un panel d'éminents chercheurs de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA). Le contexte : la Conférence annuelle de l'arab center of social studies (ACSS) qui se tiendra dans la capitale libanaise, Beyrouth, les 13, 14 et 15 mars prochains.Ainsi, lors de ce regroupement scientifique où ces universitaires et chercheurs sont appelés à débattre du thème : «Inégalités et différences dans la région arabe», le Pr Khaoua a choisi de mettre en relief la problématique des «Territoires et inégalités en Algérie». Son approche, a-t-il expliqué, se base essentiellement sur les données officielles recueillies auprès de diverses institutions nationales et durant ses enquêtes de terrain ainsi que sur les résultats de l'étude réalisée en 2014 pour le compte du Forum euro-méditerranéen des instituts de sciences économiques (FEMISE) basé à Marseille (France).Intitulée «L'écodéveloppement dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen : application au littoral d'Algérie et du Maroc», cette étude qui a mobilisé des mois durant des chercheurs, géographes et des géopoliticiens des deux pays ? sous la direction du Pr Khaoua ? a permis d'analyser les dommages environnementaux sur les territoires littoraux de ces deux économies en développement, qui partagent une frontière terrestre commune.Comme elle a mis en lumière la nécessité d'«y aligner l'écologie sur l'économie et d'y repenser l'aménagement des territoires», a souligné l'économiste dont les nombreux travaux de recherche lui ont valu une reconnaissance internationale après plus d'une dizaine d'années de collaboration avec le FEMISE. Comment repenser le territoire aux fins d'atténuer la montée des inégalités spatiales, économiques et sociales et briser ce qui s'apparente à un rempart de ségrégation que nos dirigeants ont, volontairement ou involontairement, dressé entre le Nord et la Sud du pays ' Car la politique de développement territorial, empruntée voilà des années, ne semble répondre à aucune logique, explique le Pr Khaoua «Au Nord, le territoire littoral, bien que ne constituant que 8% de la superficie du pays, rassemble plus de 40% de la population totale, 80% des entreprises, et les plus importantes villes que sont Alger, Oran, Béjaïa, Skikda et Annaba».Plus au sud, le territoire des Hauts-Plateaux, bien que plus grand, «n'attire cependant ni des activités économiques nouvelles, ni les populations, restreintes aux activités agricoles traditionnelles de subsistance, son économie périclite. La recherche de meilleurs niveaux de vie pour les plus jeunes de ses habitants les pousse à migrer vers les régions littorales», déplore cet enseignant-chercheur de la Faculté des sciences économiques et des sciences de gestion de Annaba, qui insistera sur ce qu'il considère comme étant une autre aberration : «En dehors de zones restreintes où sont exploités les hydrocarbures liquides et gazeux, le vaste territoire désertique du sahara demeure à ce jour vierge de toute activité.»Partant, tient-il à souligner, «ces différents territoires ne participent pas de la même manière à la croissance, laquelle ne produit pas les mêmes effets économiques. Ses opportunités ne sont pas réparties spatialement de manière équitable. Cela entraîne des inégalités accentuant les multiples pressions subites. Le processus de développement, malgré les réformes appliquées, s'en trouve ainsi affecté.»INEGALITES SALARIALESUn économiste-chercheur européen a passé au crible la politique de l'emploi et des salaires en Algérie. Dans son analyse, s'appuyant sur des statistiques officielles nationales, ce scientifique dresse un réquisitoire en règle à l'encontre du régime et de sa gestion des affaires économiques du pays : une population en majorité pauvre vivant dans un pays très riche, s'étonne t-il d'emblée, un pays, poursuit-il, où «existe une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité, certainement pas les entrepreneurs créateurs de richesses, mais d'une minorité spéculative mue par la consommation.» Cette minorité, la couche la plus aisée en l'occurrence que le chercheur-spécialiste des économies en développement situe à environ 20% des Algériens a, à son actif, presque la moitié des dépenses annuelles des ménages, dépensant environ 7 fois plus que les plus défavorisés.Mieux, une proportion de 10% des Algériens socialement privilégiés, relèvera-t-il, débourse plus du quart du total des dépenses des ménages, et ce, au moment où 80% de la population absorbe les 60%. Relativement à la nature des produits consommés et achetés, poursuit l'analyste, les données officielles font ressortir que 41% des dépenses des populations proviennent de 10% de la population et 28% des couches les plus défavorisées.En l'espace de dix années, les Algériens ont vu leurs dépenses tripler, passant de 1500 milliards à 4500 milliards DA, mais avec des disparités entre les zones rurales et celles urbaines Et si cette minorité d'Algériens a, en l'espace de quelques années, accompli ce bond quantitatif, c'est parce qu'«elle s'est livrée à une sorte de hold-up à l'encontre de l'économie nationale.Hyperactive dans le monde souterrain des affaires, elle semble regarder l'Algérie comme un marché captif soumis à son contrôle», commentera-t-il. «Les données globales d'accroissement tant de la dépense que du revenu global au niveau macroéconomique n'ont aucune signification à même de cacher des disparités criantes», juge, en effet, l'expert européen.D'où «l'importance de saisir le lien dialectique entre le mode d'accumulation, la répartition du revenu national et le modèle de consommation entre les différentes couches sociales», renchérira-t-il. Poursuivant son «réquisitoire», il estime qu'aux fins d'en tirer une interprétation correcte, il aurait été plus approprié de dévoiler comment s'effectue la répartition du revenu national par couches sociales : «Combien les 10% des couches aisées s'accaparent-elles en pourcentage (%) le revenu national ' Quel est le pourcentage de ceux ? salariés et indépendants ? qui gagnent entre 10 000 et 50 000 DA net/mois, le pourcentage de ceux dont les revenus vont de 50 000 à 100 000 DA, la proportion de ceux qui perçoivent 100 000 à 200 000 DA, 200 000 à 400 000 DA, entre 400 000 et 500 000 DA et la strate supérieure 500 000 DA et plus'» s'interroge l'auteur de l'analyse.Car, abonde-t-il dans le sens de l'analyse du Pr Khaoua lorsqu'il parle des inégalités territoriales, «au sein des zones rurales et urbaines, la délimitation géographique n'étant pas pertinente, existent des disparités sociales, où d'ailleurs la configuration de l'espace urbanistique préfigure la future structuration sociale».Autres non-dits, autre lecture : toujours à propos de la minorité d'Algériens jouissant de privilèges au préjudice de la majorité, il laisse entrevoir son exaspération face à tant d'inégalités sociales, pointant, cette fois, du doigt les organismes en charge de la gestion de la statistique économique nationale, leur reprochant leur passivité et le fait de se montrer «implacablement vigilants lorsqu'il s'agit du revenu net et les avantages dont bénéficient certains hauts fonctionnaires (téléphone, voiture, logement, etc.».Une spécificité bien algérienne, à laquelle vient se greffer celle des surcoûts des projets, des transferts illicites de capitaux, et ou encore celle de l'intermédiation financière informelle. D'autant que «ce sont des revenus captés illégalement qui renflouent les revenus légaux d'une minorité qui a souvent un modèle de consommation largement supérieur aux ménages moyens occidentaux». Autre interpellation, le caractère ambigu de la structure des importations, que l'expert suggère de définir avec plus de transparence, et quelle part détiennent au sein des dépenses de consommation les produits importés ainsi que celle revenant aux produits locaux.







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