Algérie

Indigènes de Rachid Bouchareb, Emouvant, attachant et discutable…



Certains trouveront le film incomplet, voire partiel, parce que les tirailleurs africains, dont des Algériens, qui s’engagèrent en 1943 dans l’armée française pour libérer la mère patrie de l’ennemi nazi, et que la hiérarchie militaire coloniale appela « indigènes », sont quasiment montrés comme des pro-Français.

La cause de leur engagement serait beaucoup plus liée à des questions d’ordre matériel, ou pour l’amour de la mère patrie, que pour un objectif nationaliste, à savoir la libération de l’Algérie promise par la France à condition que cette dernière soit libérée. Autocensure ? Vision décalée du réalisateur ?... Ce sont des questions que seul Rachid Bouchareb saura élucider. Et nous comptons bien lui en donner l’occasion. En attendant, on peut au moins reconnaître son talent à mettre des images sur des mots avec autant de réalisme : les scènes de guerre, grandeur nature, sont impressionnantes, douloureuses. On baigne complètement dans cette fresque : l’angoisse, la peur, le courage, la colère, l’amour, la générosité, la solidarité…, on les ressent au plus profond de son âme… Et le choix des acteurs a été particulièrement propice pour réaliser cette peinture. Jamel Debbouze, Samy Nacéri, Roschdy Zem et Sami Bouajila se sont investis corps et âme dans ce film. Au-delà du défi artistique, ils rendent hommage à leurs propres ancêtres… Le prix collectif de la meilleure interprétation masculine à Cannes, ils l’ont vraiment mérité. La fin d’Indigènes est assez spéciale, comme un chapitre annexe aussi accessoire que facultatif. Mais là encore, ce n’est qu’une vision au demeurant subjective. Le film « n’hésite pas », cependant, à rappeler que les pensions militaires de ces soldats d’exception de l’armée d’Afrique furent gelées, dès la fin des années 1950, et que plusieurs années après avoir été rendu, l’arrêt du Conseil d’Etat qui oblige la France à les rétablir dans leurs droits légitimes, à l’égal de leurs compagnons d’armes d’origine européenne n’est toujours pas appliqué. Pour toutes ces raisons - les bonnes autant que les moins bonnes ! - Indigènes mérite franchement le détour !


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