Algérie - A la une


Indépendances
«Lorsqu'on interroge un dictateur, dont on sait qu'il est responsable du massacre d'une partie de sa population civile, je crois que c'est pas le rôle du service public de lui offrir tout d'un coup, à une heure de grande audience, une antenne (...). Tout ça pour lui laisser la parole, pour le laisser dire un certain nombre de mensonges, de contrevérités sans réagir.» Alexis Bachelay, député socialisteIl ne faut pas jouer les naïfs! Un gouvernement aux abois ne peut se payer le luxe d'affronter en même temps une opposition déterminée et encouragée par le résultat des dernières élections et un réseau médiatique disparate dont certains de ses éléments tiennent à tout prix à joindre leur voix à celle de l'opposition. C'est la raison pour laquelle tout gouvernement prévoyant, pèse de tout son poids, sur la nomination des directeurs de l'Information de chaque chaîne radio et télé. La preuve minime est cette maladresse imputée à la rédaction de France 2 qui a réalisé une interview fleuve du président El-Assad dont beaucoup ne donnaient pas cher de sa peau, il y a quatre ans, quand un printemps improbable s'était emparé de certains pays arabes(comme par hasard, ceux du Front de la fermeté et du refus sauf l'Algérie). Alors que certains s'attendaient à ce que le rescapé du parti Baâth allait être exécuté par l'impavide Robert Pujadas, El-Assad a su retourner à son profit toutes les armes lancées par le missi dominici de l'Elysée: le président syrien, fort des informations de ses services et de ceux de ses alliés, a pu démontrer au journaliste qui n'était pas préparé à se retrouver devant un redoutable polémiste, l'implication de la France et des pays occidentaux dans la situation du chaos réalisé par les Etats-Unis en Irak. Tous les clichés brandis par le journaliste français, comme l'emploi d'armes chimiques ou la répression des civils n'ont pu égratigner les arguments du président syrien. Cet affrontement déséquilibré a irrité certains responsables politiques français qui ont reproché à la chaîne une malheureuse initiative et une maladresse certaine puisque l'interview a été programmée à une heure de grande écoute, donnant au président une audience inespérée et un accès au public français qui se détourne de plus en plus de la gauche française et de ses inconséquences: le gouvernement Hollande tout comme celui de Sarkozy a sous-traité pour les Américains les opérations de déstabilisation au Moyen-Orient. La politique d'information a payé jusque-là. Mais l'interview de France 2 va tout changer et il faut s'attendre à ce que des têtes tombent dans les services d'information de la chaîne gouvernementale. Car, il est clair qu'aucune chaîne d'information n'est indépendante: le pouvoir peut tolérer les Guignols de l'info et leur style caustique, les indiscrétions sur la vie intime des décideurs, mais il y a une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir: celle qui met en danger les plans d'action du gouvernement et a fortiori les questions relevant de la politique étrangère. L'indépendance des chaînes télé est une chimère: comment alors expliquer que la même semaine, François Hollande soit ramené sur le plateau de la chaîne payante Canal +, pour expliquer son action, que Michel Denisot offre sur un plateau une heure de «conversation secrète» au Premier ministre Manuel Valls et qu'en même temps, Dieudonné soit interdit sur tous les plateaux de la France occupée.


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