Depuis le 12 mars 2025, une nouvelle réglementation bancaire a bouleversé les démarches d’importation de voitures pour les particuliers en Algérie. La Banque Extérieure d’Algérie a officialisé une décision interdisant aux citoyens d’utiliser les circuits bancaires locaux pour payer les frais de transport maritime de leurs véhicules importés en devises (euros ou dollars). Désormais, seuls les opérateurs économiques agréés ont accès aux réserves de change pour financer ces opérations, laissant les particuliers face à un dilemme. Voici les étapes à suivre et les alternatives possibles pour contourner ces restrictions.
Étape 1 : Vérification des conditions d’importation
Avant toute chose, un particulier doit s’assurer que le véhicule ciblé répond aux normes d’importation en Algérie. Depuis la levée partielle de l’interdiction d’importation des voitures en 2023, les véhicules neufs ou d’occasion (moins de 3 ans) sont autorisés, sous réserve de respecter les critères techniques et environnementaux fixés par le ministère du Commerce. Il est essentiel de consulter le cahier des charges en vigueur pour éviter tout rejet douanier.
Étape 2 : Identification du vendeur et négociation
Une fois le véhicule choisi, le particulier doit contacter un concessionnaire ou un vendeur à l’étranger (par exemple en Europe ou au Moyen-Orient) pour négocier le prix d’achat. Cette étape reste inchangée, mais le paiement de la voiture elle-même peut encore être effectué via des moyens personnels en devises, si le particulier dispose d’un compte à l’étranger ou d’autres ressources hors circuit bancaire algérien.
Étape 3 : Organisation du transport maritime
C’est ici que les restrictions entrent en jeu. Jusqu’à récemment, les particuliers pouvaient régler les frais de transport (fret maritime) via une banque algérienne en convertissant leurs dinars en devises. Avec la nouvelle mesure, cette option est bloquée. Deux alternatives se présentent alors :
Passer par une entreprise d’importation agréée
Les particuliers peuvent confier l’opération à une société spécialisée disposant d’un agrément officiel. Ces entreprises, ayant accès aux circuits bancaires en devises, achètent et acheminent le véhicule au nom du client. Cette solution implique des frais supplémentaires (commission de l’intermédiaire) mais garantit la conformité aux nouvelles règles. Le particulier devra fournir les fonds en dinars à l’entreprise, qui se chargera du reste.
Paiement direct en devises depuis l’étranger
Pour ceux qui disposent d’un compte bancaire à l’étranger ou de proches résidant hors d’Algérie, il est possible de régler les frais de transport directement auprès de la compagnie maritime ou du transitaire. Cette méthode contourne les restrictions locales mais nécessite une disponibilité de devises hors du pays, ce qui peut poser problème pour beaucoup.
Étape 4 : Démarches douanières et paiement des taxes
Une fois le véhicule arrivé au port algérien (Alger, Oran, Annaba, etc.), le particulier doit entamer les formalités douanières. Cela inclut :
La présentation des documents (facture d’achat, certificat de conformité, contrat de transport).
Le paiement des droits de douane et taxes (en dinars), calculés selon la valeur du véhicule et son état (neuf ou d’occasion). Si le véhicule a été importé via une entreprise agréée, cette dernière peut faciliter ces démarches.
Étape 5 : Immatriculation du véhicule
Après dédouanement, le particulier doit immatriculer le véhicule auprès des services compétents (wilaya ou direction des transports). Cette étape finale nécessite un certificat de conformité et le paiement des frais d’immatriculation en dinars.
Pourquoi cette restriction ?
Cette décision s’inscrit dans une stratégie visant à préserver les réserves de devises de l’Algérie, confrontée à une pression croissante sur sa balance des paiements. En limitant l’accès aux devises pour les particuliers, le gouvernement cherche à réduire les sorties de capitaux, à lutter contre la surfacturation et à encourager la production automobile locale. Cependant, cette mesure risque d’alourdir les coûts pour les individus et de réduire l’offre de véhicules importés sur le marché.
Les défis pour les particuliers
Ces restrictions compliquent considérablement l’importation individuelle. Recourir à une entreprise agréée augmente les frais, tandis que payer directement en devises depuis l’étranger est hors de portée pour beaucoup, vu le contrôle strict des changes en Algérie. En outre, le marché parallèle des devises, bien que risqué et illégal, pourrait devenir une option pour certains, accentuant les disparités économiques.
Vers une hausse des prix et une raréfaction des véhicules ?
Avec moins de particuliers capables d’importer directement, l’offre de voitures sur le marché risque de se contracter, poussant les prix à la hausse. Cette situation pourrait bénéficier aux concessionnaires locaux agréés, mais elle désavantage les citoyens aux moyens limités, déjà affectés par la cherté des véhicules neufs produits localement.
Conclusion
Pour un particulier algérien souhaitant importer une voiture en 2025, le parcours est semé d’embûches. Entre la nécessité de passer par un intermédiaire agréé ou de mobiliser des devises à l’étranger, et les démarches administratives complexes, l’opération demande désormais plus de ressources et de planification. Face à ces obstacles, beaucoup pourraient se tourner vers le marché local, malgré ses prix élevés, ou reporter leurs projets d’achat. Une chose est sûre : l’importation individuelle de voitures devient un luxe de plus en plus difficile à atteindre.
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Posté par : frankfurter