Algérie - Revue de Presse



Idir aït amrane : le patriote berbériste Destin croisé de ce militant politique au sein du PPA dans les années 1940, artisan de l?éveil identitaire amazigh durant la même période, arabisant durant sa carrière professionnelle après l?indépendance et président du Haut-Commissariat à l?amazighité depuis 1995 jusqu?à son décès le 31 octobre dernier à l?âge de 80 ans. Idir Aït Amrane attachait beaucoup d?importance aux symboles. Il a disparu la veille du cinquantenaire du déclenchement de la guerre de libération, réalisant son rêve « d?une Algérie une et indivisible ». Né en 1924 aux Ouacifs (Tizi Ouzou), Idir Aït Amrane passera toute sa vie en Oranie. Il était parmi les premiers militants à installer la première cellule du FLN à Tiaret où il fut arrêté en 1956 et condamné pour atteinte à la sûreté de l?Etat. En 1962, il était élu à la première assemblée nationale constituante et occupera plus tard des fonctions au sein de l?administration. Licencié en lettres arabes, il vouait une admiration sans limite à la langue d?El Moutanabi et la poésie arabe. Pour lui, « le pays ne peut retrouver son bonheur et sa grandeur que dans le respect de sa richesse et de sa diversité culturelle ». Il déplora toutefois la cécité des dirigeants algériens qui « au lieu de proclamer notre authenticité globale, enrichie, certes par la culture arabo-islamique dont nous étions si fiers, ils occultèrent carrément nos origines amazighes, c?est-à-dire les assises mêmes de notre culture et de notre histoire ». Pour sans doute prendre sa revanche sur l?histoire et dépasser « le stade du verbiage et de la vindicte », il passa au stade de la production. Il avait entrepris l?écriture de nombreux ouvrages qui ont tous le même fil conducteur : la culture et l?histoire. Durant les années 1990, il publia Ekker a mmis ou mazigh (Lève-toi, fils de amazigh), un ouvrage qui retrace son parcours, notamment la période d?éveil identitaire au lycée de Ben Aknoun en 1945. Des figures emblématiques du mouvement national tels que Ouali Bennai, Ali Laïmèche, Amar Ould Hamouda, occultés par l?histoire officielle, ont une place prépondérante dans l?ouvrage. Le deuxième livre est intitulé Ilès amazigh atrar (la langue berbère moderne), un résumé de ses travaux de recherche linguistique. En 1995, il est nommé à la tête du HCA, chargé de la réhabilitation et de la promotion de la culture amazighe. Après plusieurs tentatives de démission, il restera le symbole du HCA jusqu?à sa mort. C?était lui qui avait dit : « S?il y avait un cheveu entre moi et les gens, je ne le couperai pas, car avec ce cheveu, je peux faire une corde et avec cette corde, je peux faire une chaîne. » L?on annonce une académie à la place du HCA.

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