Algérie - Revue de Presse

Fezzaz, ce joueur qui inventait des histoires Djamel l?enfant faisait partie d?une famille comme il n?y en a plus. Ils étaient treize enfants à partager le domicile familial. Ses sept frères et cinq s?urs constituaient alors pour le petit Djamel, le premier public à intéresser et à subjuguer. Louiza, sa s?ur aînée, se rappelle encore de ces soirées familiales passées à regarder et à écouter Djamel inventer et raconter des histoires. « Enfant déjà, il faisait aisément entrevoir des prédispositions extraordinaires de conteurs et de comédiens... il avait l?art de toujours arrêter ses contes au moment le plus excitant avec la promesse de continuer sa narration le lendemain et ainsi de suite, il réussira à nous tenir en haleine. Il nous inventait des histoires inimaginables où le suspens était toujours présent. » Djamel écumera son adolescence à peaufiner ses dons et à rêver. Ses amis du lycée Tebessi le distinguent par deux traits : éloquence et élégance. « Il avait le don de vous convaincre qu?il fait nuit en plein jour en joignant le verbe au geste. C?était un racé ! », témoigne un ami à lui. Parti à Alger assouvir ses fantasmes d?artiste, il y restera et parviendra à décrocher un diplôme qui lui ouvrira grandes les portes de l?ancienne RTA. Djamel l?homme vivra dans son âme et dans sa chair deux événements qui le marqueront jusqu?à sa mort. D?abord, la perte de ses deux parents lors d?un accident de la circulation en 1974. « Ils partaient vers Alger pour célébrer les fiançailles de Djamel », raconte son frère. Déjà une blessure. Puis une autre en 1996. Il était à Bab El Oued quand des terroristes tireront à bout portant sur lui. Deux balles dans la tête. L?une à la joue et la seconde à la nuque. Mais l?artiste tiendra bon et arrivera, malgré des séquelles évidentes, à survivre. « C?est un miraculé... », rapporte sa famille. Djamel traversera un longue convalescence mais reprendra ses amours et ses passions de conteur. « Malgré toutes les dures épreuves qu?il a vécues, il gardait toujours le sourire et un espoir immense », raconte Louiza. Il les gardera pour parachever son dernier film Le Joueur, malgré les conseils de ses proches de s?occuper plutôt de sa santé. Sid Ali Kouirat en témoigne :« Nous avions beau insister, il nous rétorquait à chaque fois que pour lui le plus important, c?était son feuilleton. » Larbi Zekkal croit même deviner à travers les derniers mots de Djamel une nette prémonition : « C?était comme s?il savait qu?il allait mourir. » Et il ne mourra qu?après avoir achevé sa dernière ?uvre : Le joueur un baroud d?honneur d?un artiste qui s?est eclipsé le 18 juillet dernier à l?âge de 53 ans. Le Joueur passera à titre posthume comme pour pérenniser les touches de l?artiste et témoigner du courage d?un homme que Skikda regrettera à jamais.
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