Algérie - Revue de Presse

Il y a quatorze ans, il tirait sa révérence



Qui se souvient de Ahmed Wahby? Quatorze ans déjà nous séparent du jour où Ahmed Driche Tedjini, dit Ahmed Wahby, le maître incontesté de la chanson oranaise et un des plus grands noms de la chanson algérienne, a tiré sa dernière révérence. On attendra vaine-ment une commémoration de cette date dans la ville qu’il a tant aimée et où son élégante silhouette hante encore les rues. Son souvenir semble s’être estompé au fil des jours de la mémoire si capricieuse des hommes. «Alach tloumouni», se plaignait-il déjà dans une chanson composée il y a de cela un demi-siècle. A la fin de sa vie, comme un exilé dans son propre pays, miné par la maladie et se sentant délaissé par ses proches, qui n’ont pas su lui témoigner tous les égards dont il les savait redevables, c’est à Alger qu’il choisira de dormir pour toujours, comme pour les punir de leur ingratitude et ne pas leur concéder, à sa mort, l’occasion de se dédouaner par une compassion affectée et trop facile. Il sera enterré loin de la ville qui l’a vu grandir et à laquelle il avait dédié une de ses plus belles mélodies, sa chanson phare «Wahran,wahran», qui fera le tour de la planète à la faveur d’un autre enfant de la ville, et sonne toujours comme un hymne à la ville qui l’a bercé et lui a fait connaître le sacre. A sa mort, la ville d’Oran baptisera de son nom, en guise de reconnaissance à sa prodigieuse contribution à la chanson algérienne et à son empreinte sur le patrimoine culturel oranais, le conservatoire communal dont les portes demeurent, hélas, toujours closes. Une opération de restauration engagée depuis deux années dans l’édifice traîne toujours la patte sans que personne ne semble s’en offusquer. Triste hasard qui entrave la perpétuation de l’héritage du maître qui, toute sa vie durant, n’a cessé de prospecter et former de nouveaux talents tout en s’attelant à vulgariser les beaux et précieux poèmes des plus grandes figures de la poésie populaire, tels que Abdelkader Khaldi ou Mostefa Ben Brahim, que les jeunes générations ne pourront apprendre qu’à travers ses chansons et non sur les bancs des écoles. Et lorsqu’il s’agira de défendre la cause de son pays en pleine guerre de libération nationale, il sera un des premiers artistes à rejoindre Tunis pour fonder avec d’autres collègues la glorieuse formation artistique du FLN, qui sillonnera le monde pour porter la voix du pays en lutte pour le recouvrement de son indépendance et s’avèrera une digne ambassadrice.


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