Algérie - Revue de Presse

Il y a 66 ans disparaissait Larbi Ben M'hidi L'homme au sourire légendaire


Publié le 05.03.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Mohamed TOUATI

Larbi Ben M'hidi, patron incontesté et incontestable de la Zone autonome d'Alger et véritable «cerveau» de la stratégie de guérilla urbaine, menée jusqu' au coeur de la vieille Casbah, était un partisan de la non-violence. Mais il a été obligé de l'adopter. Car convaincu que la seule issue de parvenir à l'indépendance de l'Algérie, c'était la lutte armée, disproportionnée certes, mais animée d'une volonté qui ne pouvait trouver de réponse que dans la foi, la foi en Dieu, bien sûr. Les témoignages à son sujet ont apporté quelques petits faisceaux de lumière pour sortir de l'ombre le parcours d'un homme exceptionnel, stratège hors pair de la lutte armée, à la tête d'une Wilaya V historique dépourvue de moyens et qu'il a pu remettre sur les rails grâce à une volonté de fer. Mythe? Symbole d'une révolution? Certainement les deux. À l'image d'une Amérique latine qui a eu, son Ernesto «Che» Guevara, l'Algérie, la révolution algérienne aura enfanté l'un de ses meilleurs fils, son héros, Larbi Ben M' hidi. Né en 1923 à Aïn M'lila, cadet d'une famille de trois filles et deux garçons il obtient son Certificat d'études primaires à Batna avant d'entamer des études secondaires à Biskra. En 1939, il s'engage dans les rangs des Scouts musulmans algériens. Ben M'hidi travaille ensuite comme comptable au service du Génie civil de Biskra pendant quelques mois, puis s'installe à Constantine et devient un militant très actif du PPA, Parti du peuple algérien. Il est arrêté après les massacres du 8 Mai 1945. Il adhère par la suite au MTLD et devient cadre de l'OS, l'organisation spéciale. Lors de son démantèlement en 1950, il est de nouveau recherché et condamné par défaut à dix ans de prison pour «menées subversives et activité illégale». En avril 1954, il fait partie des neuf membres fondateurs du CRUA qui le transforment le 10 octobre 1954 en FLN et décident de la date du 1er novembre 1954 comme date du déclenchement de la lutte armée pour l'indépendance. Lors de la réunion des «22», tenue le 24 juin 1954 au domicile de Elias Derriche à El Madania à Alger, on lui confie le commandement de la Wilaya V (Oranie) qu'il cédera à son lieutenant Abdelhafid Boussouf pour prendre la tête de la Zone autonome d'Alger créée à l'issue du congrès de la Soummam. Il sera arrêté le 23 février 1957 par les parachutistes et sera assassiné dans la nuit du 3 au 4 mars 1957 dans une ferme désaffectée de la Mitidja. Né pour se sacrifier, corps et âme, pieds et poings liés pour l'indépendance de son pays. Il n'est plus permis, ni décent, à travers son parcours, de ne pas se souvenir des femmes et des hommes qui ont fait l'histoire de ce pays depuis les différentes conquêtes et agressions qu'il a subies et qui ont jalonné l'Algérie dans l'édification d'un État, d'une nation sûre de ses frontières et à la souveraineté retrouvée. Toutes et tous ont convergé vers le même but: l'indépendance du pays. La dignité retrouvée, tenir tête aux grands de ce monde, ne jamais s'agenouiller. C'est le message et l'héritage laissés par Ben M' hidi. L'homme qui a regardé Bigeard, les yeux dans les yeux sans broncher. L'homme à qui les officiers de l'armée coloniale française ont présenté les armes. L'homme qui a affronté son bourreau, Aussaresses, après une première tentative de pendaison avortée, lui a crié au visage «pourriture!», a été la cible d'un assassinat politique programmé en haut lieu par Mitterrand, Max Lejeune et bien d'autres. L'homme aux mains nues qui a défié une des plus grandes puissances militaires du monde de l'époque, avait pour seule arme, la modestie, l'amour de l'Algérie et un courage hors du commun qui ont fini par mettre en échec un adversaire qui était loin de douter de son invincibilité. Nous sommes tous des Ben M' hidi, devrions-nous clamer aujourd'hui.

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