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Il y a 38 ans, les lycéens manifestaient


C'était l'occasion inespérée pour revendiquer tamazight, la démocratie et la liberté d'expression, des mots d'ordre nés des événements d'avril 80 à Tizi Ouzou. Le 19 mai 1981 est l'une des dates inscrites à jamais dans la mémoire collective de la vallée de la Soummam et plus largement de toute la région de Béjaïa. Ce jour-là, il y eut une manifestation historique, grandiose et organisée par la coordination des lycéens, avec les représentants syndicalistes de la wilaya de Béjaïa. Une manifestation, qui s'est soldée par des arrestations massives et par la suite des condamnations à de lourdes peines allant de six mois à cinq années de prison ferme, avec privation des droits civiques pour une durée de cinq ans. L'information selon laquelle le projet de l'institut universitaire prévu à Béjaïa allait être transféré à Jijel, a provoqué ce qui allait devenir par la suite une réaction populaire aujourd'hui célébrée chaque année. Les organisateurs se sont entendus clandestinement pour appeler à une réaction de protestation, saisissant l'opportunité de la Journée nationale du Savoir et un rappel du 19 mai 1956 où les lycéens ont rejoint les rangs de l'ALN au maquis pour combattre le colonialisme. Venus de toutes les régions qui comptaient à l'époque des lycées. les lycéens d'Akbou et de Sidi Aïch se sont joints à ceux de la ville de Béjaïa pour marcher et défier le pouvoir du parti unique avec des revendications plurielles qui vont toutes dans le sens de l'intérêt collectif. La douleur et la colère nées des événements d'avril 1980 à Tizi Ouzou étaient encore là à travers l'exigence de la «libération inconditionnelle des détenus de Berrouaghia de 1980», leurs frères, ceux qui, lors de l'interdiction de la conférence de feu Mouloud Mammeri à l'université de Tizi Ouzou, ont été interpellés et emprisonnés. Il va de soi pour «la reconnaissance de l'arabe algérien et de tamazight», «la prise en compte du rapport du séminaire de Yakouren dans la définition de la politique culturelle». En dépit d'un important dispositif policier, les lycéens de Béjaïa, épaulés par quelques enseignants, des travailleurs, des chômeurs, des étudiants, ont marché. «Nous avons utilisé nos draps de l'internat pour confectionner des banderoles, nous avons utilisé les moyens de l'Unja pour imprimer des tracts. Nous avons disposé de moyens plus que limités, mais d'une volonté inébranlable pour donner de l'épaisseur et de la voix au cri en vogue alors «IMA...ZI...GHEN», raconte-t-on. L'intervention des forces de l'ordre donnera lieu aux barricades, puis aux émeutes qui s'étaleront la nuit-même pour toucher d'autres régions, dont, notamment, la vallée de la Soummam. Seddouk où les jeunes, occupaient la mosquée usant du mégaphone pour appeler la population à la rescousse. à Sidi Aïch, la kasma FLN est réduite en ruines en quelques secondes, les mêmes scènes étaient observées à Akbou, El-Kseur, Amizour... la suite verra des arrestations arbitraires puis des condamnations à de lourdes peines dans des procès expéditifs. 53 détenus ont été dénombrés et mis en prison; certains ne sont plus de ce monde ou ont quitté le pays, d'autres sont encore là, à le construire et à continuer la lutte, celle née d'un combat sincère, loin des calculs partisans ou individuels, comme il est de règle aujourd'hui, au point de discréditer et de dénaturer toute idée de mobilisation. Un peu plus d'un an après les événements du 20 avril 1980, Béjaïa inscrit toute seule cette fois-ci une autre date dans les annales de l'histoire des luttes démocratiques et identitaires de la région de Kabylie. «Le 19 mai 1981 est une journée qui appartient au domaine des luttes populaires pour les libertés, contre l'oppression et la négation.»


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