Algérie

Il veut faire main basse sur les verts




Il veut faire main basse sur les verts
Basse man?uvre qatarie. Surfant sur la vague de la popularité de l'équipe algérienne de football, le Qatar a tenté une grosse opération de récupération médiatico-politique en invitant les Fennecs à célébrer leur succès dans le faste à Doha. En accueillant les Verts qui ont brillé au Mondial du Brésil, auxquels des millions de personnes dans la région se sont identifiés, le «vilain petit Qatar» a man?uvré pour s'approprier l'équipe nationale algérienne ? du moins son succès ? dans le but de regagner la sympathie des opinions publiques arabes qui lui sont devenues hostiles.En tentant de faire main basse sur l'équipe nationale, le jeune émir du Qatar a cherché vainement à redorer l'image écornée d'un Etat en raison de son jeu politique trouble dans la sphère régionale. Au plan footballistique également, l'Etat du Qatar se trouve empêtré dans une scabreuse affaire de corruption à grande échelle pour l'obtention de l'organisation du Mondial 2022. Le pays est accusé d'avoir «acheté les voix des poids lourds de la FIFA», dont Mohamed Raouraoua est membre du comité exécutif. Avec une cérémonie grandiose à la gloire des Verts algériens, retransmise sur la chaîne Al Jazeera, dans sa version «revue et corrigée» beIn Sports mondialisée, le Qatar était en passe de réussir un coup sportif aux retombées diplomatiques considérables. Mais cette opération de marketing aux relents politiciens évidents a vite tourné court. L'émir n'aura pas ses Fennecs.Tout a commencé le jour du retour de l'équipe nationale en Algérie. A peine la journée de mardi terminée, après une haie d'honneur dans les quartiers d'Alger, accueillis par des milliers de supporters, les joueurs devaient s'envoler pour Doha, le lendemain matin, suite à une invitation bien particulière. L'émir du Qatar les conviait à un dîner royal à Doha pour les «honorer» et surtout les gratifier des plus «beaux cadeaux». Les Verts devaient être accueillis par l'émir Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani en personne.L'invitation a été remise à Mohamed Raouraoua, l'indéboulonnable président de la Fédération algérienne de football (FAF), qui donne tout de suite son accord pour envoyer les Fennecs chez l'émir. Difficile de refuser une invitation royale d'un Etat-coffre-fort, prêt à dépenser gros et dont l'influence dans le monde footballistique a pris une ampleur considérable depuis quelques années. Le palais royal du Qatar a joint à l'invitation un avion spécial pour transporter les hôtes de l'émir.Le jeu trouble de RaouraouaL'opération se déroule dans l'«intimité» de la FAF, car Mohamed Raouraoua «n'informe ni le ministère des Sports ni aucune autre autorité politique du pays», à en croire une source de la FAF. Ainsi, l'opération se prépare en catimini et dans l'ignorance totale des autorités algériennes. Pourquoi le patron de la FAF a-t-il agi de la sorte ' Personnage influent dans le milieu sportif national, M. Raouraoua est un homme ambitieux, qui veut gravir les échelons du football mondial et n'ignore pas que Doha est devenue une rampe de lancement. Et avant de retourner au Brésil où il doit assister à la suite de la Coupe du monde, c'est lui qui donne ordre à son staff de conduire l'équipe nationale à l'aéroport d'Alger pour s'envoler à destination de Doha. L'équipe nationale s'exécute. Mais une fois à l'aéroport international d'Alger c'est le grand cafouillage. Le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, est dépêché en urgence pour empêcher le départ des Verts. Ordre aurait été donné par la présidence de la République d'annuler immédiatement le déplacement de l'équipe nationale. Un camouflet a été évité de justesse.L'avion spécial affrété par les autorités qataries est reparti vide et les joueurs ont été contraints de changer de plan de vol. La plupart d'entre eux ont rejoint leurs familles en France. Cependant, le sponsor exclusif de l'équipe algérienne de football, Ooredoo, une multinationale qatarie dont le contrat avec la FAF a été obtenu dans des conditions pour le moins discutables, a réussi à envoyer tout de même six Fennecs à Doha pour une émission spéciale sur le plateau de BeIn Sports. Mais le projet diabolique de ce micro-émirat gazier a été mis en échec. Un revers pour ce pays qui, habituellement, quand il s'agit de l'Algérie, joue à domicile.Avant son abdication, cheikh Hamad Al Thani s'est offert tous les avantages à Alger. Ses émissaires et lui sont souvent reçus en grande pompe et la République leur déroule le tapis rouge. Grâce à ses amitiés avec Abdelaziz Bouteflika, l'émir du Qatar a bénéficié de largesses en Algérie. C'est la première fois qu'Alger refuse de satisfaire un caprice du jeune émir, qui hérite d'un émirat en froid avec ses voisins immédiats et critiqué de toutes parts pour son rôle douteux dans les mouvements insurrectionnels qu'a connus le Monde arabe.L'offensive diplomatique de cet Etat coincé dans le golfe Persique n'a pas résisté à l'épreuve des rapports de force internationaux. S'offrir les Fennecs algériens n'était pas une opération sérieuse pour le jeune émir Tamim afin de sortir de la phase de turbulences dans laquelle s'empêtre son pays.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)