Algérie - A la une

"Il faut changer de paradigmes économiques"




Tout processus constituant doit passer par un changement radical des paradigmes économiques, a estimé Omar Aktouf, professeur titulaire à HEC Montréal, dimanche, dans une conférence organisée par le Forum des Algériens de Montréal sous le thème "Sortie de crise algérienne : une transition ou un processus constituant". Pour aborder son sujet, le conférencier a dû replacer la crise algérienne dans le contexte mondial avec notamment les révoltes sociales et politiques en cours en Amérique latine, en Irak, au Liban, à Hongkong, etc. "La déstructuration au Moyen-Orient jusqu'en Afghanistan ne sont que des manifestations de crise du néolibéralisme", a soutenu d'entrée de jeu M. Aktouf. Pour ce dernier, cette conception économique, qui domine le monde depuis les années 1980, n'est pas le meilleur modèle à adopter pour les Algériens qui luttent depuis plus de 9 mois pour le changement du système et l'avènement d'une période de transition démocratique. Ce modèle bâti sur le principe du profit maximum mènera inexorablement à la destruction de la planète, a-t-il averti.Convaincu que le modèle néolibéral américain arrange plus les classes dominantes que les peuples, l'économiste met en garde de ne pas perdre de vue le substrat de tout projet de société qui est avant tout "économique".
Mettant en avant des éléments de la sociologie politique, l'intervenant a répertorié 12 systèmes capitalistes dans le monde ; entre le modèle néolibéral financier des Etats-Unis et le système social au Japon, en Allemagne ou dans les pays scandinaves, le choix est vite fait, selon lui. Appelant de ses v?ux une transition, comme clé de voûte de la crise algérienne, M. Aktouf a insisté sur la nécessité de mettre en place un comité de réflexion pour repenser les paradigmes économiques. Bien entendu, une période de transition devrait déboucher sur la rédaction et l'adoption d'une Constitution pour organiser les pouvoirs publics, a-t-il poursuivi, non sans préciser que l'actuelle loi fondamentale, plusieurs fois violée par les tenants du pouvoir, donne des pouvoirs exorbitants au président, au point d'en faire carrément un empereur.
"La seule voie pour sortir de la crise actuelle demeure la constituante", a martelé l'enseignant de HEC Montréal. Celui-ci citera des exemples de pays qui ont réussi leur transition politique, comme le Portugal, l'Equateur, la Bolivie et la Tunisie. Outre le changement de paradigmes économiques, Omar Aktouf a mis en avant deux autres préalables pour réussir la transition : la décentralisation et le mode de scrutin proportionnel. "On ne peut pas gouverner un vaste territoire à partir d'un bâtiment à Hydra", a-t-il conclu. Par ailleurs, pour son acte 41, la manifestation dominicale a mobilisé encore du monde, malgré un froid polaire. Les manifestants ont scandé les slogans habituels du hirak, notamment ceux inhérents au rejet de l'élection présidentielle. La liste des bénévoles qui vont faire le pied de grue devant le consulat algérien à Montréal, qui se transformera en bureau de vote, du 7 au 12 décembre, ne cesse de s'allonger. Cette vigie vise à dissuader d'éventuels électeurs.

De Montréal : Yahia Arkat


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