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Il faut casser les tabous



Il faut casser les tabous
Il ne se passe pas une journée sans qu'une femme soit victime de violence physique ou verbale. Dans certains cas, elle décède avant d'arriver à l'hôpital. Considérée comme tabou dans notre société, la violence contre les femmes doit être démystifiée pour bien être prise en charge par la justice. Mais avant d'arriver au dépôt de plainte, un travail de sensibilisation doit être entrepris à travers la multiplication des journées d'étude. Lundi dernier, l'Académie de la société civile algérienne (ASCA), en collaboration avec l'Observatoire algérien de la femme et l'APW d'Alger, a organisé, à la salle des conférences de la wilaya d'Alger, une rencontre relative à la violence à l'encontre des femmes. Plusieurs communications ont été données pour décortiquer et comprendre le mal afin de tenter d'en limiter les effets néfastes, voire de l'extirper à la racine. Mme Chaïa Djaffar, présidente de l'Observation algérien de la femme, souligne l'importance des articles (29-58) de la Constitution, qui stipulent l'égalité devant la justice de tous les citoyens, ainsi que la protection de la famille par l'Etat et la société. « La violence, affirme-t-elle, est un comportement indigne. Il faut casser les tabous. » Evoquant les causes de la violence, l'intervenante citera la méconnaissance des droits, le silence de la victime à cause du poids des us et coutumes selon lesquels la femme serait inférieure à l'homme. « Il est urgent de revoir notre législation qui n'est pas suffisamment outillée et revoir certaines interprétations erronées de l'Islam qui protège la femme et lui rend sa dignité », préconise-t-elle. Son intervention a été étayée par la projection d'un documentaire sur des portraits de femmes victimes de violence. Certaines sont décédées suite aux coups violents portés sur la tête, le buste. Pour le président de l'APW d'Alger, Karim Benour, « la violence est partout. Dans la rue, au bureau, dans les stades...et elle doit être combattue », martèle-t-il. La représentante de la DGSN, la commissaire Kenza Raza, directrice au niveau de la police judiciaire, relève, dans son intervention, que les femmes sont de plus en plus nombreuses à déposer plainte contre leur agresseur. Toutefois, souligne-t-elle, les statistiques ne reflètent pas la réalité. « Beaucoup de femmes, par ignorance ou par peur des conséquences, n'osent pas franchir la porte du commissariat », déplore-t-elle. De son côté, le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, indique que notre civilisation et notre religion ne nous permettent pas de laisser la violence gangrener notre société. Il rappelle que « l'enseignant du primaire doit inculquer aux enfants, en premier lieu, la non-violence et les bonnes manières ». Pour Kamel Chekat, membre de l'Association des oulémas musulmans algériens et membre fondateur de la Ligue des oulémas, imams et prêcheurs des pays du Sahel : « Il est inadmissible que l'exégèse d'un verset ou l'interprétation d'un hadith se fasse de manière parcellaire, car un verset ne peut prendre son véritable sens que dans l'ensemble des versets traitant du même sujet. » Enfin, pour Me Boukhelkhal, ancien magistrat, « il ne faut en aucun cas criminaliser la violence car dans le cas du divorce dans la législation algérienne, il y a trois étapes à appliquer avant de prononcer le divorce, à savoir l'arbitrage, la réconciliation et la médiation ». Mme Nouara Djafar, ancienne secrétaire d'Etat chargée de la Famille et de la Femme, qui a lancé le grand chantier de la sensibilisation sur la violence à l'encontre des femmes, souligne lors de sa distinction par l'APW d'Alger, que l'Etat algérien peut se targuer d'avoir mis en marche la « machine » de la lutte contre la violence sous toutes ses formes. Les pouvoirs publics, selon elle, « ont encouragé tous les secteurs à travailler ensemble pour une coordination meilleure entre la société civile et le Parlement ». Pour elle, « la lutte contre la violence se fait tout au long de l'année ».Rabéa F.Statistiques de la DGSN liées à la violence à l'encontre des femmes Du 1er janvier au 30 septembre 2014 :il a été recensé 6.985 femmes victimes de violence :5.000 d'entre elles sont victimes de violence physique1.500 cas de maltraitance205 abus sexuel3 cas d'incesteSelon l'âge, elles sont 1.543 femmes âgées entre 19 et 25 ans 2.121 femmes âgées entre 26 et 35 ansLa violence entre couple est estimée à 23,4%Niveau d'instruction des femmes violentéesNiveau primaire : 8,63%Niveau secondaire : 27,33%Niveau secondaire : 22, 25%Niveau universitaire : 13,04%Selon les wilayas, Alger prend la tête avec 1.135 victimes, suivie d'Oran avec 495 cas et de Constantine (382).


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