Il a rompu avec ses éclipses post-présidentielles

Mouloud Hamrouche est-il en train de se préparer à l'après-Bouteflika ' La question se pose au vu de ses multiples et surtout inédites sorties. Des sorties qui marquent une rupture par rapport aux attitudes qu'il observait par le passé. Cela relevait presque d'une forme de style personnel chez celui qui est considéré comme le chef de file des réformateurs. À l'approche de chaque présidentielle, depuis celle de 1999, il sort de sa réserve médiatique. C'est le chassé-croisé des journalistes, universitaires, politiques et syndicalistes chez lui, à Hydra, pour des éclairages off the record, accompagnés de gâteaux constantinois. Si Mouloud a l'art de recevoir ses convives.En pur produit du système, il connaît bien la météo du sérail politique. Outre les entretiens autour d'un thé à la menthe, il accorde dans la foulée des entretiens en ciblant judicieusement ses supports. Et une fois la présidentielle pliée, ses clameurs tues et le soufflet de la campagne retombé, après avoir animé au passage quelques meetings, Mouloud Hamouche s'impose de nouveau une rigoureuse diète médiatique jusqu'à la prochaine élection avec son nom qui revient invariablement comme possible candidat.Cela se répète depuis 1999, date de sa première candidature. Au point de se forger, à l'insu de son plein gré certainement, l'étiquette de "l'éternel candidat". Mouloud Hamouche veut-il forcer le destin cette fois-ci ' En tout cas, tous les observateurs ont bien noté un changement de stratégie de sa part depuis le 17 avril dernier. Au lieu de l'éclipse à laquelle il avait habitué l'observateur, il a, au contraire, multiplié les apparitions. Format choisi : les communications dans les conférences animées successivement à Oran, Constantine, Laghouat, Tizi Ouzou, Béjaïa. À chacune de ses haltes, il a martelé le même constat au vitriol, sur fond de critique de la gestion calamiteuse de Bouteflika, qu'il se garde néanmoins de citer.Mais tout n'est pas pour autant compromis pour l'ex-chef de gouvernement qui a sa propre recette, sa propre feuille de route. Son credo : une phase de transition politique, mais avec l'institution militaire comme acteur majeur dans le casting. "Il n'y a aucune chance d'instaurer un système démocratique sans l'aval et le soutien actif de l'armée", soutenait-il le 11 juillet dernier à Béjaïa.En se faisant ainsi l'avocat d'une révolution de velours, à travers ses différentes sorties sur le terrain, Mouloud Hamrouche veut-il se donner une visibilité médiatique plus étalée dans le temps et en totale rupture avec ses éclipses habituelles ' Une façon "structurelle" d'habiter ainsi l'imaginaire des Algériens et se poser d'ores et déjà en alternative à Bouteflika dans le cas d'une présidentielle anticipée, où au terme du quatrième mandat, c'est-à-dire en 2019.Et prendra du coup des longueurs d'avance sur les autres candidats en vue de la succession. Sauf que l'institution militaire qu'il veut associer, dans l'espoir d'un retour d'ascenseur le moment voulu, ne veut visiblement pas se prêter au jeu. Son édito paru dans la revue El Djeïch sonne un peu comme une fin de non-recevoir aux appels du pied de l'ex-chef de gouvernement. "L'accomplissement de ses missions, en toute loyauté, requiert de se conformer rigoureusement à ce que dicte le devoir légal, comme il exige d'avoir conscience que la préservation de l'image et de la place de l'ANP, ainsi que sa non-implication dans des questions qui ne la concernent pas et qui n'ont aucun lien avec ses missions et engagements constituent un devoir national qui lui est dicté par l'intérêt suprême de l'Etat et qui lui imposent les impératifs de garantir son avenir, de défendre ses frontières, de préserver la souveraineté nationale (...) et de renforcer sa défense nationale", a écrit en substance l'éditorialiste.Après ce coup de semonce, Mouloud Hamrouche tournera-t-il sa langue sept fois avant de... se taire 'O. O.NomAdresse email