Algérie - Villages et douars d'Algérie

IHITOUSSÈNE (BOUZEGUÈNE) - Un village qui se prend en charge




Face à l’absence de subventions de l’État, le village Ihitoussène, à l’instar de nombreux autres en Kabylie, s’est vu contraint de faire appel à la solidarité ancestrale de ses habitants pour pouvoir financer des projets d’amélioration du cadre de vie des villageois.

Tout en s’appuyant sur le mode d’organisation ancestrale recentré autour de Tajmaât, l’assemblée du village, où l’entraide, la solidarité et la communion ne sont pas de vains mots, le comité de ce village, situé dans la région de Bouzeguène, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Tizi Ouzou, a réussi ces derniers temps une véritable mutation dans tous les domaines touchant à la vie des habitants.

Tout a commencé avec une série de réunions de concertation entre les membres du comité pour évaluer l’état des lieux, énumérer les insuffisances, classer les projets par priorité et l’instauration d’un système de cotisations pour pouvoir les financer. Vint ensuite l’étape de la concrétisation de ces projets grâce auxquels ce village niché à 950 m d’altitude, et riche de 3.000 habitants, a connu une véritable métamorphose.

Parmi ces nombreux projets réalisés au profit de ses habitants, figurent le captage et l’adduction d’une source dénommée Acherchour, dans la montagne, à une dizaine de kilomètres du village, le forage de puits, l’aménagement, le dallage et l’ouverture de nouvelles routes, l’extension du réseau d’assainissement, des actions de lutte contre l’insalubrité et d’éradication progressive de la décharge du village avec la mise en place du tri sélectif.

D’autres projets tels que l’ouverture de nouveaux espaces de détente, l’aménagement de placettes publiques, le lancement de la réalisation d’un foyer de jeunes, l’aménagement de la fontaine et du cimetière du village, et aussi la réalisation d’un terrain de football s’ajoutent également à la longue liste des projets réalisés grâce aux cotisations et dons de ses habitants.

“On doit développer notre village. Nous sommes responsables devant les citoyens et les générations futures. Les villageois nous ont donné leur confiance, à nous de ne pas les décevoir par la gestion rigoureuse de leurs deniers. L’argent dépensé doit être justifié par des bons ou des factures ou par n’importe quel autre moyen, c’est la devise d’un responsable qui doit rendre des comptes régulièrement”, nous dira le président du comité, Hamar Madjid.

Au fil du temps, la cotisation s’est érigée en obligation morale dans ce village. La caisse du village est alimentée à raison de 100 DA par mois, soit 1.200 DA annuellement. Un concept de l’économie sociale et solidaire.

En plus de cette cotisation symbolique mais très utile, les émigrés s’acquittent, auprès des représentants du village en France, d’une somme supplémentaire de 50 euros annuellement pour compenser leur absence aux journées de travail hebdomadaires des habitants.

Dans ce village, il arrive souvent également que des citoyens se proposent de financer des projets à eux seuls, comme ce jeune qui a contribué à raison de 40 millions de centimes pour financer le projet d’adduction d’eau de la source d’Acherchour et un autre à raison de 150 millions pour le forage d’un puits.

Pour contribuer à cette réussite, les femmes du village, réunies autour de l’association Tahitoust, ont également apporté leur pierre à l’édifice en initiant des projets et non des moindres tels que celui du “village propre” et celui de l'alphabétisation.


KAMEL NATH OUKACI
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