Algérie

IBN SIRÎN ET L'INTERPRETATION DES RÊVES 'L'onirocrite' CHEZ LES AUTEURS CONTEMPORAINS



On peut se poser la question de savoir quelle place occupe Ibn Sîrîn l'onirocrite de nos jours. Nous avons cherché à le savoir par le recours à la littérature onirocritique et même divinatoire. L'impression qui se dégage de l'ensemble consulté est une reprise incessante des mêmes données et une absence de remise en question de certaines affirmations découlant d'hypothèses transmises d'un auteur à l'autre. Les seules études qui semblent déboucher sur de nouvelles perspectives de recherches sont celles de Toufic Fahd. Cette exception faite, les observations sur Ibn Sîrîn se limitent à des généralités et ne procèdent pas d'analyses originales. Elles vont parfois jusqu'à la désinformation, comme nous le constatons chez l'Abbé Richard12 :
'On trouve ordinairement que cet auteur 13 que l'on croit avoir vécu dans le IXe siècle, était chrétien, parce qu'il commence son ouvrage par l'invocation de la Sainte-Trinité, suivant l'usage de ce temps ; mais cela annonce tout au plus que celui qui a compilé les explications était chrétien : car le nom d'Achmet et son ouvrage semblent bien plutôt prouver qu'il était interprète des songes à la cour de quelque roi barbare, emploi que son père Seïrim avait exercé avant lui, ainsi que Sirnacham, Buram et Tarpham l'étaient à la cour des rois de Perse, d'Egypte et des Indes, dont il est fait mention dans le prologue...'14.
Cette citation illustre un cas extrême de transmission d'informations erronées à l'endroit de Muhammad Ibn Sîrîn. L'Abbé Richard fait une mise au point non concluante sur la religion 'd'Achmet, fils de Seïrim'. Mais ses déductions sur son origine éloignent le lecteur de la vérité.
Parmi les auteurs dont l'objectif n'a pas dépassé la signalisation de la célébrité d'Ibn Sîrîn, Edmond Doutté. Pour lui, 'il était d'une sagacité prodigieuse'. Il rapporte à ce propos trois rêves interprétés par lui, extraits du Mostat'raf d'El-Ibchihi15. D'après Qast'allani, il cite quelques règles qu'Ibn Sîrîn appliquait dans sa pratique. Dans son article de l'Encyclopédie de l'Islam, Toufic Fahd reprend principalement le texte d'Ibn Sa'd et son propre ouvrage16. Il situe Ibn Sîrîn dans le temps et dans l'espace, donne les grandes lignes de sa vie et cite les manuscrits et les publications portant son nom tout en posant la question de la légitimité des 'uvres qui lui sont attribuées. Dans Dâ'irat al-Ma'ârif al-'Islâmiyya, cette attribution trouve sa source dans la grande considération dont il jouissait en tant qu'onirocrite17. L'auteur de cet article se distingue en affirmant clairement que les écrits en son nom appartiennent à ses successeurs qui lui en ont fait sciemment endosser la paternité.
A. Gaddu oppose Ibn Sîrîn à Freud : le premier fait partie des interprètes de rêves, le second des analystes de rêves. Le plus célèbre dans notre ancienne civilisation orientale est al-'allâm (le savant) Ibn Sîrîn. Le plus célèbre dans la civilisation occidentale moderne est le savant Sigmund Freud18.
(À suivre)
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