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Hommage au Colonel Naceri Touhami


Hommage au Colonel Naceri Touhami
Cet article n'est nullement l'histoire d'un colonel relatée par la pointe d'une plume, mais le portrait d'un homme, dont le moindre trait et relief furent minutieusement sculptés par les faits par le Colonel à la retraite Mecheri Amar.À chaque ère des héros comme bien des guerriers, érudits, novateurs, philosophes, poètes et bien d'autres. Chaque époque choisit des êtres exemplaires qui suscitent l'intérêt et se distinguent des hommes du commun pour incarner une part de leurs valeurs et leurs aspirations. Parmi ces hommes, le Colonel Naceri Touhami, Doyen des juges d'instruction qui nous a quittés, il y a maintenant presqu'une année, il est difficile d'imaginer autre lieu moins adapté à la naissance d'un homme hors pair, né le 28 mars 1949. De parents généreux, à savoir Naceri Aissa et Guettal Zineb, à la wilaya de Bordj Bou Arréridj et plus exactement à Taglait, connue pour ses montagnes majestueuses, son Histoire riche et sa fierté de ses martyrs. Le destin avait réservé une vie rude à Touhami, ainsi qu'à ses frères Saad, Aomar, Ghilassi et Nouari. Lorsqu'il atteint l'âge de cinq ans, il rejoignit l'école coranique, et une fois un peu plus grand, il rejoignit la Zaouia de Belhamlaoui, laquelle comptait parmi ses adeptes le défunt Houari Boumediene et Ali Kafi, près de Constantine. Son compagnon de toujours, Maître Youcef Athmana, raconte qu'après avoir quitté ladite Zaouia, leur réussite avec excellence au concours d'accès à l'institut islamique leur a valu l'entrée en deuxième année moyenne, ils y suivirent des études sanctionnées par l'obtention du Brevet d'Enseignement Général. L'on ne saurait que trop rappeler la joie qu'a ressentie Touhami et son copain Youcef, alors qu'ils atteignirent l'enseignement secondaire au même rang que les notables, les riches et les chanceux d'entre eux. Touhami, le fils du peuple, a su devancer les princes et a obtenu le diplôme du baccalauréat avec mérite, une réussite que sa commune Taglait n'a pas manqué de célébrer. Cela dit, Touhami l'étudiant céda la place à Touhami le rêveur, il rejoignit l'université d'Alger pour y étudier le droit, et s'engagea dans l'armée. Une fois son diplôme de licence en poche, il exécuta son contrat avec l'armée et rejoignit l'Académie militaire de Cherchell, où il a apprit les sciences militaires jumelées aux différents stages pratiques. Une fois ses études terminées, c'est avec une fierté exaltée qu'il fut nommé lieutenant, il a occupé par la suite divers postes auprès des différentes directions du ministère de la Défense. La dernière étant la direction de la Justice militaire. Il était pourvu d'une expérience riche parmi les officiers du secteur de matériel et des fabrications militaires. Il a excellé dans sa fonction de chargé de la communication et de l'information ainsi qu'à la tête de l'unité de construction lors des grandes expansions (casernes, aéroports, etc.). Juge au tribunal militaire, il veillait à l'application de la loi et le respect des valeurs républicaines. Toutes ces fonctions et promotions, dont il a fait sujet, l'ont mené à sillonner le territoire national. D'Alger à Tlemcen, en passant par Tamanrasset, Barika, Oran, Illizi, Sidi Bel Abbès, Blida, puis Constantine, il sympathisait avec les nouvelles connaissances et nouait de nouvelles amitiés à travers son parcours. Promu colonel, il fut élu pour rejoindre l'Institut Supérieur de la Magistrature d'Alger, en une session spéciale pour les hauts magistrats et les présidents de tribunaux, entre autres. Au terme de la session, il fut major de sa promotion, et regagna par la suite le Ministère de la Défense, où il obtint le titre de Doyen des juges d'instruction, émérite de par son expérience aux tribunaux militaires, il fut affecté au Tribunal Militaire de Constantine. Les moult missions dont il fut investi, et les divers grades militaires dont il fut promu, sans oublier le statut social élevé qu'il atteignit, laisseraient à penser qu'il était centenaire. Néanmoins, le timide qu'il fut, c'est d'une allure vacillante qu'il se rendait au conseil, le visage inspirant la modestie, le regard plein d'humilité, il allumait sa cigarette mais ne cessait guère à la secouer. Désintéressé, il donnait sans rien attendre en retour. Incorruptible, l'avarice fut son ennemi de toujours. Brave, il refusait toute forme d'oppression. N'obéissant qu'à son courage, il défiait même les plus grands, aussi puissants soient-ils.Très affaibli par la maladie, il est resté fidèle à lui-même, mais au fil des jours, le sourire dissipait de son visage, ses mouvements de plus en plus nonchalants, nous dûmes respecter son état de santé, nous écourtions les discussions, puis il eut besoin de sommeiller pendant des heures, or les événements nationaux et arabes se succédaient, nous avions désespérément besoin d'en débattre. Seulement, cet homme, ce frère, cet ami, ce compagnon, le colonel Naceri Touhami nous a été arraché. Cet homme a consacré sa vie au service de l'armée de sa patrie, il méditait, apprenait et concevait. Tristement, lorsque nous eûmes le plus besoin de lui, sa bonté fut défaillante lui le grand altruiste, sa voix fut éteinte lui le grand éloquent. Le destin décida du départ de Touhami à l'âge de 64 ans, sans adieux, sûrement parce qu'il savait, et Dieu seul sait, qu'au village, à l'armée, aux champs de blé, aux jardins fleuris, il sera toujours parmi nous. Le défunt épousa une fille de famille généreuse, à savoir des Athamana, il eut deux garçons Khaled et Zehar, et quatre filles, la dernière de toute, Bouthaina, étudiante à l'université. Que Dieu accueille dans Son Vaste Paradis Touhami, qui nous a quittés le 20 mai, après huit mois de maladie incurable, après s'être battu avec patience, constance et bravoure. Je l'ai visité deux jours avant son décès, je ne pouvais retenir mes larmes en disant : "Je te vis les yeux rivés sur toi, ton visage anéanti par la maladie. Le défunt fut inhumé le 21 mai 2013 au cimetière de Sidi Betka, à Bordj Bou Arréridj, en présence d'une foule nombreuse composée de ses amis, frères et compagnons ainsi que des autorités civiles et militaires. Repose en paix cher Colonel, on pleure les grands hommes.




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