Algérie - Hommage

Hommage à Slimane Amirat: Un homme, des convictions



Hommage à Slimane Amirat: Un homme, des convictions


Beaucoup de ses amis, compagnons de lutte ou sympathisants à ses idées se souviennent de Slimane Amirat. Voici vingt ans, il s’était effondré sur le cercueil d'un héros, le président Mohamed Boudiaf à qui il venait rendre hommage au Palais du peuple. Il est mort dans un ultime acte de patriotisme et de fidélité.

Si Slimane faisait partie, en effet, de ces hommes, de ces grands hommes pétris dans la sève du nationalisme, ne se départissant jamais des appels de la patrie.

Jeune militant, il s’était naturellement engagé dans la lutte de Libération au sein de la Fédération de France. Connu pour son courage — certains évoquaient même une forte dose de témérité —, Si Slimane a affronté tous les dangers, réalisant des actions d’éclat pour faire triompher les idéaux pour lesquels il s'était engagé dans la Révolution de Novembre.

Non seulement homme d’action mais aussi homme de convictions, Si Slimane donna plus tard une forte symbolique à la dimension de son engagement. Dès les premières années de l'Indépendance, il était porteur des grandes valeurs démocratiques. Il en subira toutes les conséquences, y compris un procès devant la Cour révolutionnaire d’Oran.

Au président de cette juridiction d’exception qui lui annonçait son droit à un recours, il eut ce geste de noblesse enrobé dans une parole altière. “Je ne demanderais rien”. Porteur de fierté et de dignité, Si Slimane n’a jamais négocié quoi que ce fut. Il trimbalera avec honneur cette caractéristique avec un don de soi intrinsèque. Il surprendra son monde devant les caméras de la télévision quand il lancera un certain soir d'une conférence nationale: “Si j'ai à choisir entre l'Algérie et la démocratie, je choisirais l'Algérie.”

Profondément touché dès le début par la tragédie nationale, Si Slimane fera de son mieux, pour influer sur les évènements et stopper l'infernale descente. Condamnant sans hésitation les prémices d’un terrorisme islamiste ravageur mais concédant qu'il fallait sauver les enfants de l'Algérie. Arrivé à la tête du HCE, le président Boudiaf tenait à bénéficier de ses conseils et l'appela l'avant-veille de leur mort presque simultanée pour lui dire que “les patriotes doivent s'unir pour sortir le pays de cette tragédie”. Si Slimane acquiesça bien sûr.

Les deux compagnons prirent congé l'un de l'autre pour un autre rendez-vous.

Avant de quitter la présidence, le président Boudiaf offrit à son hôte un Coran. Pour le rendez-vous convenu, le destin en décida autrement ; ils sont presque côte à côte au cimetière d'El-Alia.

Morts à 24 heures d'intervalle, avec un idéal identique et des convictions non moins identiques.


Nadia Mellal

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