Algérie - Autres Cinéastes

Hommage à «Pontecorvo l'Algérois»


Un hommage émouvant a été rendu jeudi par le ministère de la Culture, en collaboration avec l'ambassade d'Italie en Algérie, au réalisateur du film culte «La Bataille d'Alger», Gillo Pontecorvo, et à l'auteur de la musique du film, Ennio Morricone. En présence de la femme et du fils du réalisateur, de l'ambassadeur d'Italie Giovanni Batista Verderame et de Yacef Saadi, le débat sur le film n'a pas déçu ce jeudi à la salle Mohamed Zinet à Riad El-Feth. Yacef Saadi y évoquera les circonstances des contacts, par hasard, de celui qui sera par la suite le réalisateur de ce film «mythique» et les multiples péripéties, avant de tomber sur Pontecorvo. En Italie, raconte-t-il, j'ai été dirigé par l'ambassade d'Algérie en Italie vers quelqu'un qui avait déjà a son actif «Kapo», un film qui raconte une histoire qui se déroule dans un camp de concentration durant la Deuxième Guerre mondiale. Pontecorvo était lui aussi à cette période sur le point de réaliser un documentaire sur la guerre d'Algérie. «Le hasard a fait qu'il avait autant besoin de moi que moi de lui». «J'ai été tout de suite convaincu par cet homme parce qu'il a été un partisan dans la résistance au nazisme et il était de surcroît de gauche. Tous les ingrédients pour s'entendre à merveille. Et c'est ainsi que nous nous sommes engagés à réaliser ce film». «Mon rôle dans le film consistait surtout à veiller au déroulement des actions, car j'avais vécu réellement l'histoire», a indiqué Yacef Saadi, mais il a fallu d'abord «convaincre» Pontecorvo pour que ce ne soit pas un autre acteur qui joue le rôle; Pontecorvo songeait recourir aux services de l'acteur américain Paul Newman. Yacef avait avancé l'argument qu'il y a lieu «de faire un film qui doit rendre compte de la réalité des faits et de l'histoire». Le récit de Yacef Saadi était émaillé d'anecdotes sur le tournage du film. Il a raconté que la «population de la Casbah avait peur à la vue de parachutistes», les gens pensant que « la guerre allait recommencer ». C'est d'ailleurs un aspect qui donna un plus au film car les gens étaient encore sous « l'emprise de la guerre ». Les figurants et les acteurs avaient été recrutés par Saadi et le rôle des parachutistes a été incarné par des touristes et des globe-trotters, surtout nordiques, de passage à Alger. Ils étaient recrutés dans la rue, tout simplement. Plus de 15.000 autres figurants ont été mobilisés pour la reproduction des manifestations du 11 Décembre 1960. Quant au rôle de Ali La Pointe, il a été incarné par Brahim Hadjadj, non pas pour sa ressemblance physique mais pour son « caractère » proche de ce grand héros de la révolution. Pour le colonel Matthieu, c'est Jean Martin, un acteur de théâtre à Paris. A cette époque, sa troupe était en représentation à Marseille. Il jouait alternativement le curé dans la pièce de théâtre à Marseille et le colonel des paras dans le film à Alger. La femme du réalisateur, Mme Adel Pontecorvo, et son fils Marco évoquèrent le dernier voyage qu'il a effectué à Alger en 1992, à la Casbah, où il est revenu accompagné de son fils pour revoir Alger et probablement les endroits où les séquences du film furent tournées. Il a été au marché du quartier de la Casbah, dira Marco, avec pour « sauf-conduit » qu'il était l'auteur du film «La bataille d'Alger». La population de la Casbah l'aimait et lui faisait entièrement confiance aux habitants de ce haut lieu de la guerre de libération. Il avait surtout pris parti. Pontecorvo « a su contourner la propagande et a signé un film mythique d'une force extraordinaire ». La soirée d'hommage a été clôturée en musique avec le quartette Bernini qui a joué, en soirée à la salle Ibn Zeydoun, des morceaux du grand compositeur Ennio Morricone. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, en offrant à la femme du réalisateur des cadeaux symboliques, affubla simplement l'auteur du film au Lion d'or en 1966 de « Pontecorvo l'Algérois ».


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