Algérie

Hommage



La Moudjahida Habiba Belhadj s’en va à 71 ans Le jeudi 10 juillet a été une journée de deuil pour beaucoup d’algériens. Et qui fera certainement date dans l’histoire de notre pays et de son peuple. Et pour cause, ce jour a été rappelée à Dieu une de ces femmes dont le destin a été et restera forcément pour toujours intimement lié à celui de l’Algérie éternelle.Ce jour-là donc a quitté notre monde la Moudjahida Belhadj Habiba née Fartas. Née en 1937 à Hassi El-Ghella, -la cité bien nommée véritable terre des hommes et foyer de révolutionnaires- la défunte a grandi et vécu toute sa jeunesse dans un milieu où se mouvaient de grands noms du mouvement national et de la glorieuse guerre de libération nationale. La regrettée Moudjahida est la sœur de l’un des membres de l’OS, du glorieux CRUA, responsable à l’état-Major Ouest de l’organisation ALN-FLN, Mohamed fartas en l’occurrence. Elle est aussi -fait majeur s’il en est-, l’épouse de l’illustre Belhadj Bouchaïb, militant distingué de l’OS, principal artisan de l’historique attaque de la poste d’Oran à la fin des années 40, membre du comité des 22. La Moudjahida Habiba est aussi la belle-sœur du non moins illustre Abder-rahmane Bensaïd, une autre grande figure du mouvement national, de l’OS et de la Guerre de libération. Elle avait également pour cousins les frères révolutionnaires M’hamed et Hocine Fartas et Kouider Lakehal connus tous les trois pour être des militants actifs ayant été à l’origine de la création et la structuration des cellules du PPA à Hassi El Ghella, un village dont l’histoire retiendra qu’il fut pionnier dans l’activité politique et militante et réputé à travers toute l’Oranie. Comment donc, dans un tel environnement, la jeune Habiba ne s’imprègne-t-elle pas des idées avant-gardistes portées fièrement par ces illustres hommes de son entourage immédiat? La voie est donc toute tracée pour un engagement militant sans faille. Elle l’entreprit sans relâche jusqu’à l’Indépendance. Quoi donc de plus stimulant que la présence et la proximité de ces hommes engagés pour libérer l’énergie militante de la jeune Habiba au milieu des années cinquante alors qu’elle n’avait pas encore 20 ans. Sa sœur cadette, la doctoresse Fartas Fatiha se souvient bien de cette époque: «Je me souviens bien, c’était au mois de décembre, en 1957 en plein hiver que fut arrêtée ma sœur Habiba en compagnie de mon autre sœur Fatima et de notre cousine Setti. J’avais 13 ans et j’ai toujours en mémoire cette époque douloureuse. Il faut imaginer dans quel état était la famille avec un père, des oncles détenus à Saint Leu (Béthioua), un frère au maquis et donc activement recherché. Ajoutez à tout cela, l’arrestation des trois femmes. C’était le comble de l’horreur. De quoi ébranler toute notre existence. Je me souviens dans quel état était ma mère qui réalisait l’ampleur du vide qui se faisait autour de nous. Nous étions restés seules, elle et moi avec la compagnie quotidienne du harcèlement de la police et de l’armée coloniale qui opéraient régulièrement des descentes chez nous. Mais il y avait surtout la grande angoisse quant au sort qui allait être réservé aux nôtres». Pour revenir à la Moudjahida Habiba, il faut dire qu’elle était engagée politiquement pour, par la suite tremper carrément dans l’action. Elle fut interpellée sur tous les fronts. De la collecte des cotisations jusqu’aux liaisons en passant par le renseignement. Cet activisme ne pouvait échapper à la police coloniale qui avait déjà un œil sur le domicile de la famille fartas. Et c’est ainsi qu’elle fut remarquée et donc arrêtée avec sa sœur Fatima et sa cousine Setti qui activaient également. Elles furent internées au camp des trois Marabouts (Sidi Ben Adda) dans le témouchentois. La mère et la jeune sœur Fatiha sont restées, après l’arrestation plus de deux mois sans nouvelles de Habiba. Et lorsqu’elles surent enfin qu’elle était bel et bien au camp, leur angoisse fut terrible à supporter sachant qu’elle était torturée. A sa sortie du camp, au printemps 1959, elle fut contrainte de travailler dans un centre de santé auprès du Docteur Balaska. L’autorité coloniale ayant agi ainsi, histoire de mieux la surveiller. L’histoire retiendra également au sujet de cette grande dame qu’elle fut une âme charitable. Elle est restée jusqu’à sa mort très proche des démunis et sensible à leur malheur. Rien, en effet de ce qui était misère et dénuement des pauvres ne lui était étranger. La porte de son domicile leur était toujours restée ouverte. Abderrahmane Mekranter



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