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Histoires vraies M. Tout-le-Monde (6e partie et fin)


Résumé de la 5e partie - Sur le banc des accusés, M. Tout-le-Monde, sans hésiter, répond à toutes les questions qu'on lui pose...
«Vous souvenez-vous de la couturière Gerda Krauss '
' Oui, oui, c'est la femme qui s'est jetée sous le métro. Je me souviens d'elle.
' Vous souvenez-vous de Janine Lecapin, la secrétaire de direction qui a tenté de se suicider '
' Oui, oui, monsieur le président.
' Et du docteur Renaudau, la dentiste ' Et de Juliette Ligier, employée des P.T.T. '
' Oui, oui, monsieur le président.»
Le procès sera court, aucun besoin de témoin, aucune des femmes qu'il a lamentablement séduites n'est là : c'est inutile puisqu'il avoue tout.
La partie civile, pour émouvoir le tribunal, évoque avec talent le sort de la malheureuse Gerda Krauss et y parvient : tout le monde a les larmes aux yeux. Tout le monde, sauf M. Tout-le-Monde.
«Ce n'est pas moi qui l'ai tuée, se contente-t-il expliquer.
' Certes, dit le président, mais vous l'avez poussée au suicide en la dépouillant de tout.
Je ne l'ai pas dépouillée, elle m'a donné de l'argent car j'avais l'intention d'acheter une affaire à Elbeuf.
' Vous ne l'avez pas achetée.
' Je vous l'ai dit, monsieur le président, ce n'était qu'une intention. Peut-être que tôt ou tard je l'aurais fait.
En attendant, son argent était sur votre compte en banque.
' C'est normal, monsieur le président, puisqu'elle me l'avait donné.
' Et la fameuse voiture d'occasion ' La pauvre Juliette vous donne 40 000 francs et vous lui faites livrer une guimbarde qui n'en vaut pas 500. Qu'avez-vous fait de la différence '
' C'était ma commission, monsieur le président.
' Ne vous moquez pas du tribunal !... Et les arrhes de la maison sur la Côte d'Azur '
' Je les ai vraiment versées, monsieur le président.
' Oui, mais pour une autre maison que vous aviez l'intention d'habiter avec votre famille.
' C'est un quiproquo stupide, monsieur le président. Dans mon esprit, il n'était évidemment pas question que le docteur Renaudau vienne vivre avec ma femme et mes enfants.»
Evidemment, M. Tout-le-Monde ne peut espérer sortir du tribunal blanc comme neige, mais que retenir contre lui ' Il n'a pas tué, n'a pas fait de promesse de mariage, pas de faux en écritures, pas de falsification.
La séduction, même basée sur le mensonge, n'est pas un délit. Il ne reste donc que de lamentables escroqueries, et encore faut-il admettre que, dans certains cas, en effet, les sommes versées par les victimes pourraient s'apparenter à des dons.
Voilà pourquoi, après la brillante défense de son avocat, c'est presque avec le sourire que M. Tout-le-Monde entend le verdict. Quatre années de prison pour escroquerie avec récidive : c'est le maximum de ce que l'arsenal des lois permettait au tribunal.
L'affaire ayant été jugée en 1980, M. Tout-le-Monde est certainement aujourd'hui en liberté, et peut-être a-t-il repris sa lucrative activité parmi nous.
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