Histoires vraies

Résumé de la 2e partie n C'est en levant les yeux vers l'arbre qui est resté debout, que Jérémie voit l'incroyable : un bébé dans un cocotier !C'est un enfant d'environ un an, peut-être deux, Jérémie n'est pas bien fixé. Il respire, mais ses yeux sont clos. Alors Jérémie court, court... Il cherche un abri. Il faut sécher l'enfant et le ranimer.Dans la panique du port dévasté, Jérémie trouve enfin de l'aide. Une femme lui prête du linge. L'enfant frictionné avec vigueur se réveille et pleure. Il ne balbutie que quelques mots incompréhensibles. Il a soif, et se jette plus tard sur une boulette de riz.Jérémie voudrait bien le confier à quelqu'un, mais c'est impossible. Chacun a ses problèmes, ses morts, son désastre personnel. Il faut remonter les maisons, chercher dans les épaves un peu de ses trésors. Quant au bébé, les rescapés ne le reconnaissent pas.Alors il fait comme tout le monde. Et il garde l'enfant. La vieille gouvernante le prend en charge, il reconstruit sa maison, remonte son épicerie, et quelques jours plus tar se contente de l'explication d'un marin : «Beaucoup de bateaux ont sombré. L'enfant devait être à bord. Emporté, Dieu sait comment par le cyclone, il s'est retrouvé Dieu sait comment accroché dans un cocotier... ici, on en a vu d'autres. »Les années vont passer maintenant. Jérémie a adopté l'enfant officiellement. C'est un enfant blanc comme lui. Aquelque chose près, il a l'âge du sien, alors ce sera son fils, pourquoi pas. Il s'appellera Moïse, pourquoi pas. Voilà qui redonne à Jérémie le goût de la vie.Moïse a dix ans, puis quinze, puis vingt, en 1924. Son père Jérémie est un vieillard de plus de soixante-dix ans.Beaucoup de tempêtes ont secoué la mer de Chine, et Moïse est bien l'enfant du cyclone. Violent, agressif, il n'a pas fait la joie de son père adoptif. II veut partir, il veut de l'argent. Lui aussi veut quitter cette terre qu'il n'aime pas et ce père qu'il ne respecte pas.Par une nuit de tempête, le vieux Jérémie surprend Moïse, dévalisant la caisse de l'épicerie minable. Il a déjà pris les économies, il lui reste à frapper ce brave imbécile qui se croit tous les droits sur lui, pour l'avoir un jour d'une autretempête, arraché à un cocotier.Jérémie meurt sous les coups de Moïse et Moïse sera jugé puis pendu pour ce crime. Quel destin étrange... Quelle fin tragique à cette histoire de tempête : Jérémie est en terre, et Moïse en prison à Manille depuis des mois. Son exécution est imminente.Mais... c'est alors qu'un marin de passage, à San Fernando, entend parler du drame. Le cyclone de 1906, et un enfant mâle de deux ans, cela lui rappelle quelque chose.Cet enfant était sur son bateau le jour du cyclone, avec une femme. Elle retournait à San Fernando pour y retrouver son mari et lui abandonner l'enfant dont elle ne voulait plus. La dernière fois que le marin les a vus, c'était dans une barque, à 100 mètres du bord. La femme s'appelait Henock. Le marin les avait crus morts tous les deux, il se croyait seul rescapé, et voilà qu'il comprend que le bébé dans le cocotier, c'était lui. Ce Moise qui a tué son père adoptif, sans savoir que ce père adoptif était son vrai père. Pour que ce parricide ait lieu, il avait fallu un cyclone.Une déposition officielle du marin a permis de rétablir l'identité du condamné.Charles Henock, fils de Jérémie et de Cecily, son épouse, eut alors quelques semaines pour méditer l'étrangeté de son crime. En somme il avait tué deux fois son père. Il fut pendu le 6 février 1925.La mer de Chine était calme et bleue. Aucun cyclone ne vint à son secours.