Algérie

Histoire du 19 mars à Bouira



Des témoignages et un récit C?est à une page de notre histoire que nous conviaient au Musée du moudjahid Abdi Salah, secrétaire de l?ONM à Bouira et Dira Si El Hadj M?hamed, officier de l?ALN de la Wilaya IV. Choisissant l?un et l?autre pour thème le 19 Mars qu?on s?apprête à célébrer prochainement, les deux orateurs qui s?adressaient du haut de leur chaire à un parterre de lycéens, d?étudiants, de journalistes et de moudjahidine, ont apporté leur témoignage sur cette nuit qui a précédé ce grand événement et les espoirs ainsi que les craintes suscités par l?attente de l?annonce des accords d?Evian. « J?étais en proie à une véritable transe, cette nuit-là, je ne pouvais pas dormir, affirmait l?officier de notre si glorieuse armée. Cela se comprend : régnant sur une zone ou, pour parler comme ce grand révolutionnaire, sur un secteur qui s?étend de Sour El Ghozlane à Berrouaghia et de Ksar El Boukhari et Boughezoul à Msila, bref sur 400 km2, l?officier attendait que Krim Belkacem dirigeait la délégation algérienne à Evian annonce les résultats de l?accord du même nom. Cette nuit-là, notre officier se trouvait à Aïn Nar, dans le Hodna. Sa crainte émanait de deux sources : il redoutait un échec des négociations où de telles rencontres avec le pays occupant ne les avait malheureusement que trop habitués, et il pensait en même temps aux mesures à prendre après que la nouvelle de l?indépendance de l?Algérie eut été annoncée. Il fallait envisager la possibilité d?un piège qui se refermerait sur les combattants algériens qui, croyant à la paix, quitteraient le maquis pour s?exposer aux balles de l?ennemi. C?est dans cette perspective que s?inscrivaient les mesures de précaution qu?il fallait prendre dans ce vaste secteur de la Wilaya IV. « J?ai passé la nuit à rédiger des correspondances et j?ai chargé vingt hommes pour acheminer ce courrier aux quatre coins du secteur afin que l?on restât à son poste et sur ses gardes », ajoutait notre conférencier. Auparavant, il a démarré sa conférence par l?évocation de dates phares jalonnant ce mois de printemps où tombèrent de valeureux chouhada, les colonels Amirouche et Si El Haouès (27 mars 1957) et Si Lakhdar (5 mars 1958). II a justifié cette crainte par le fait que 40 000 goumiers ayant été armés par l?occupant, pour soi-disant instaurer la paix, ont fini par former une organisation appelée Main rouge défaite en trois jours (les 2, 3 et 4 juillet 1962) par le commandant Azzedine de la Wilaya IV. Le secrétaire de l?ONM à Bouira qui a précisé que c?était Ben Khedda qui devait annoncer les résultats de cet accord, a fait savoir qu?il attendait cette nuit au maquis de Hammam Ksena. Selon lui, la victoire sur la France coloniale fut surtout une victoire politique, grâce à des hommes qui ont porté le combat en dehors de nos frontières et qui, lors des accords d?Evian, ont su imposer leur condition qui était l?indépendance sur le territoire algérien dans son intégralité. L?orateur s?est longuement attardé sur le dénuement où fut laissé le pays et sur le déficit en infrastructures et en cadres auquel il était confronté au lendemain de l?indépendance. Les débats qui ont montré à quel point l?intérêt de l?auditoire prêté à la révolution était profond ont été très fructeux. Les questions comme celle des harkis qui auraient quitté le sol algérien bien avant l?indépendance et qui n?auraient donc jamais été inquiétés par le gouvernement algérien après l?indépendance, ou comme celle du caractère positif du colonialisme prôné par la loi du 23 février 2005 ont été également abordées à la faveur de cette conférence sur le 19 mars et commentées et éclairées par les deux intervenants.



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