Algérie

«Hassan et Morkos», une comédie à gros budget réunissant Omar Sharif et Adel Imam


Les films égyptiens peinent à traiter des relations entre confessions Hassan et Morkos, une comédie à gros budget, promettait de briser les tabous sur les relations entre chrétiens et musulmans en Égypte. Mais en n’effleurant même pas les racines des tensions, estiment des critiques, le film s’avère frileux. Le long-métrage réunit deux stars des écrans arabes: le légendaire Omar Sharif, qui interprète El-Attar, un cheïkh musulman, et la vedette de la comédie égyptienne, Adel Imam, dans le rôle d’un prêtre, Boullos. L’une des premières scènes montre des dizaines de dignitaires religieux, chrétiens et musulmans, affluer vers une conférence annuelle sur le dialogue interconfessionnel. Mais si en public, tous n’ont que les mots «unité nationale» à la bouche, en privé, la méfiance règne entre les représentants des musulmans, majoritaires, et des Coptes, qui constituent de 6 à 10% des 80 millions d’Égyptiens et se disent victimes de discriminations. «Tu as déjà vu un mendiant chrétien, toi?» demande un cheïkh à un autre, avant de se plaindre du fait que «les Chrétiens contrôlent les trois quarts des richesses» du pays, une référence aux puissants magnats coptes. Au même moment, un prêtre fait mine de s’enquérir auprès d’un autre: «Dis-moi, combien y a-t-il de ministres chrétiens au gouvernement?» Et les deux coptes d’enchaîner sur la rareté des permis accordés pour la construction d’églises. Ce sont pourtant ces quatre-là que l’on retrouve quelques minutes plus tard, main dans la main, dans la salle de conférences, et criant dans un bel élan destiné aux caméras et aux hommes politiques: «Vive le croissant et la croix!» symboles des deux religions. Des scènes «brillantes» car elles brisent un tabou pour la première fois sur les écrans égyptiens, selon Joseph Fahim, le responsable des pages culturelles du quotidien Daily News. Mais le reste du film «échoue à mettre le doigt sur les raisons de cette tension profondément enracinée» et «ne rend pas justice à la gravité de la question», estime-t-il dans les colonnes du journal. Les violences causées par l’extrémisme religieux sont certes montrées: les deux principaux protagonistes, figures en vue de leurs communautés respectives, échappent ainsi chacun à un attentat. Leur vie étant désormais en danger, la sécurité d’État leur ordonne de se cacher pour quelques mois et de changer d’identité et de religion: Boullos devient Hassan, el-Attar se nomme désormais Morkos. L’occasion de mettre en scène les clichés et malentendus entre les deux communautés. Mais à aucun moment les flambées de violences ou les tensions latentes ne sont expliquées. Le film «laisse de côté les défis politiques, économiques, historiques et sécuritaires auxquels doit faire face l’unité nationale», affirme le critique de cinéma Tarek Chenawwi. Car d’après lui, c’est l’attitude de l’État, en favorisant un traitement sécuritaire des affaires sociales, qui a envenimé les relations entre musulmans et chrétiens.


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