Algérie

Hansal Mohamed (ex-arbitre international)



«Emotions oui, agressions non» Dans une lettre adressée à notre journal, M. Hansal Mohamed, ex-arbitre international, s’émeut de la violence dans les stades qui semble s’installer. Voici son contenu dans son intégralité  :«A quelques journées de la fin du championnat national, tout le monde a peur que notre football bascule dans le vide. Aussi bien en Nationale Une qu’en deuxième division. L’actualité sportive est confisquée par les faits et méfaits de pseudo-supporters qui font la une chaque week-end. La violence a gangrené notre foot. Dans ces conditions, parler des chances des uns et des autres pour le maintien ou le titre, ça risque de passer inaperçu. Mais prenons notre patience à deux mains et essayons de voir quand même ce qui va se passer dans quelques mois. Avec la passion qui risque de rythmer les histoires d’accession et de relégation, nous aurons pour cette fin de saison un plateau bien chaud. A tenir avec des pincettes. La violence s’est installée confortablement dans nos stades, déborde hors du stade. On casse tout ce qui se trouve sur le chemin du retour. Le stade est devenu un lieu de détresse. Et dire qu’on continue à dédramatiser! Faut-il attendre que le ciel nous tombe sur la tête ? Des scènes effroyables, des images effarantes soutenues par un acte barbare qu’on ne peut irrémédiablement imputer aux seuls supporters de football. Certes, cette discipline touche le fond, mais de mémoire de sportif, on n’est jamais arrivé au stade du crime... organisé. Depuis le début de la phase retour du championnat national, les médias tous genres confondus, mordent à belles dents dans le thème de la violence. Aujourd’hui, l’escalade va trop loin, certes, mais si les manifestations de violence traduisent le ras-le-bol des jeunes, elles n’en découlent pas moins des mêmes sources. Un peu d’équité dans la gestion des championnats ne serait pas de trop. La violence est l’acte le plus dégradant pour la morale du sport, en général et du football, en particulier. Beaucoup de sociologues se sont penchés sur les problèmes et l’origine de la violence qui est une réaction impulsive conditionnée par l’état d’esprit et le niveau culturel de la raison. SVP «arrêtez le massacre» ou «soyez sportif». Rappelez-vous ces merveilleuses séquences des derniers matchs de la Champion’s League européenne. Plusieurs empoignades entre des équipes, haut de gamme, sur l’échiquier européen et mondial, nous ont réconcilié avec les merveilles du petit écran. Les répétitions, les gros plans et les nombreuses caméras qui vous enlèvent l’envie d’aller au stade, sont un régal pour tous. Même pour ceux qui n’ont pas le football dans la peau. Le football n’est évidemment pas, lui-même, à l’origine de la violence. Il lui offre, semble-t-il, plus d’occasions de s’exprimer, il est le plus grand sport, par le nombre de ceux qui le pratiquent, l’importance de son public et les passions qu’il soulève. Le football est un jeu et doit le rester. Les enjeux peuvent bien monter, le football peut bien être un jeu combatif, les écarts existent entre victoire et défaite et peuvent bien s’accroître : on ne doit pas perdre le sens des proportions. Une défaite n’est pas une catastrophe et le vainqueur ne possède pas le monde entier. L’esprit de fair-play doit être tenu en haute estime et mieux cultivé. Et pourtant, sans «fair-play» notre football souffrirait de dommages irréparables. Les actes de violences commis en dehors des stades ont récemment montré le football dans un éclairage déplorable. Or, il existe de nombreux moyens permettant de combattre ce genre de problème, des efforts doivent être entrepris pour maintenir et assainir notre football, par des actions d’information et de motivation auprès de la famille et de l’école, mais également par un engagement constant auprès des clubs et des associations sportives, y compris les arbitres qui détiennent la clé dans la lutte pour le fair-play. Ils exercent un grand pouvoir et portent la plus grande responsabilité. Non seulement ils ont le droit, mais aussi le devoir de faire triompher le fair-play sur le terrain. Le «football», cette colombe, est grièvement blessé actuellement, qui mérite un bon public, voire un meilleur public en maints lieux, ne survivra que si chacun a conscience que le ballon n’est pas la «guerre». Il faut bannir tout chauvinisme générateur de violence. Ce n’est que si toutes les conditions de base seront réunies et surtout l’appui de tous ceux qui sont désireux d’améliorer notre sport-roi dans une voie triomphante également à l’avenir dans le choix de nos jeunes sportifs. Lorsque nous maîtriserons la violence dans nos stades, notre jeu accédera au niveau de la conscience générale du football moderne pour contenir l’esprit sain de nos athlètes dans leur corps sain. Enfin, le football doit être une occupation pour les connaisseurs, il doit continuer à éveiller les émotions, mais sans provoquer les agressions».   Hansal Mohamed



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