Algérie - A la une

Hamel condamné à douze ans de prison sur fond d'un nouveau scandale



La cour d'Alger a prononcé sa sentence hier, au moment où le nom de Hamel se trouve éclaboussé par d'autres scandales qui pourraient ne pas rester sans suite.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L'affaire de l'ancien parton de la DGSN est close. Son procès en appel a débouché sur une note inattendue mais la peine prononcée demeure très lourde. On note, en effet, que trois années ont été soustraites à la peine initialement prononcée par le tribunal de Sidi-M'hamed. Les quinze ans ont donc été ramenés à douze ans mais l'amende à laquelle il a été condamné en première instance demeure la même, huit millions de DA. La cour d'appel a également maintenu la décision de saisie de tous les biens du concerné.
Le procès qui s'est tenu en première instance avait révélé leur ampleur, «un véritable empire», avaient alors commenté les avocats du Trésor public, qui consiste en près d'une vingtaine de maisons, villas et terrains répartis à travers six wilayas. Tous ces biens avaient fait l'objet d'une mesure conservatoire, au même titre que le gel des 25 comptes bancaires du prévenu, dans l'attente de la décision finale de la cour d'Alger.
La seconde surprise consiste en l'acquittement de l'ancien ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf poursuivi en qualité d'ex-wali d'Oran dans cette affaire. Lors de son audition, celui-ci avait affirmé qu'il n'avait jamais entretenu de relations personnelles avec Hamel. En première instance, il avait été condamné à trois ans de prison tout comme Abdelghani Zaâlane qui a vu, lui, sa peine initiale réduite à une année de prison. Moussa Ghalaï, ex-wali de Tipaza, a vu, lui, sa peine ramenée à quatre ans de prison au lieu de cinq.
Réduction de peine aussi pour Salima Anani, l'épouse de Abdelghani Hamel, sa fille Chahinez qui écopent respectivement d'une année et de deux ans de prison au lieu de deux et trois ans. La cour d'Alger a également soustrait une année aux peines prononcées par le tribunal de Sidi-M'hamed à l'encontre des fils Hamel. Ameyar, Chafik et Mourad ont été respectivement condamnés à 8, 6 et 5 ans de prison. Toutes ces condamnations ont été prononcées sur fond de nouveau scandale lié, cette fois, aux révélations apportées par Allal Tifour, ancien chef d'état-major du Commandement de la gendarmerie de la 2e Région militaire. Dans un droit de réponse publié par El Watan, ce dernier a réagi aux accusations portées à son encontre par Hamel durant son procès en appel.
L'ancien patron de la DGSN avait révélé l'existence d'un rapport, transmis par ses soins à la hiérarchie et dénonçant des liens existant entre le colonel à la retraite Allal Tifour et Ghali Belksir avec le baron de la drogue Ahmed Zendjabil, «transmis à l'époque au défunt général Bousteïla, qui était à la tête de la Gendarmerie nationale, lequel l'a remis au président de la République». Selon Hamel, toutes les traces de l'affaire ont été effacées.
Ces accusations étaient naturellement bien trop graves pour rester sans réaction.
Le colonel Tifour a rappelé que le dossier Zendjabil avait «déjà connu son issue en 2001 devant les tribunaux, suite à la plainte déposée par le ministère de la Défense nationale et a vu la condamnation de l'ensemble des délateurs et autres agents calomniateurs chargés de colporter ces mêmes informations sur instigation du prévenu Hamel et ses pairs, car impliqués eux-mêmes dans des affaires de trafic de stupéfiants». Ce dernier se livre ensuite à une première révélation : un bungalow, situé à Oran et «acquis» par Hamel, «le premier mois de son arrivée, en juillet 2000». La lettre de Tifour poursuit : «Il m'a fait part de cette acquisition en me précisant qu'il a déjà informé le général-major Kamel Abderrahmane, commandant de la 2e Région militaire ainsi que le général-major Bousteïla Ahmed, commandant de la Gendarmerie nationale, de crainte que l'information puisse me parvenir par d'autres créneaux et que cela éveillerait en moi des doutes sur l'origine des fonds. Après sa démolition, une somptueuse villa a été érigée en lieu et place et entièrement financée par un magnat de la drogue, repris de justice notoirement connu sur la place d'Oran et de Maghnia et qui faisait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt. Il était régulièrement reçu au domicile et au bureau du prévenu Hamel Abdelghani (...) Ce qui est certain, c'est que la famille du prévenu Hamel n'y a jamais mis les pieds jusqu'à ce qu'il l'ait vendue.» L'ex-colonel se livre, ensuite, à d'autres révélations dans lesquelles il fait état de liens entre Abdelghani Hamel et les trafiquants de drogue précisant, lui aussi, que ces affaires «ont fait l'objet d'un rapport transmis par mes soins au général-major Bousteïla, qui l'a classé sans suite».
Le général-major Kamel Abderrahmane a, quant à lui, carrément décidé de saisir les tribunaux. Il qualifie les propos de Hamel de «pures inventions», rappelant que l'affaire «Zendjabil» avait «déjà été jugée en 2001 et l'instigateur condamné à 3 ans de prison ferme. Il avait reconnu à travers une lettre manuscrite, qu'il m'a adressée à partir du lieu de son emprisonnement, avoir agi sans aucune preuve, tout en s'excusant du tort qu'il pouvait avoir causé à ma personne et ma famille», écrit-il dans les colonnes d'El Watan. Le général Kamel Abderrahmane en appelle enfin au président de la République afin que toute la lumière soit faite sur ce dossier.
L'affaire restera-t-elle sans suite ou fera-t-elle, au contraire, l'objet de l'ouverture d'une nouvelle enquête sur les faits cités ' Le procès Hamel n'est pas passé inaperçu. L'ex-patron de la DGSN a, en quelque sorte, transmis à la justice les dossiers qu'il avait promis lors de son limogeage.
A. C.
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