Tlemcen - Haïm Bliah de Tlemcen

Haïm Bliah, dayan à Tlemcen (Tlemcen, 1832 – Tlemcen, 28 novembre 1919)



Haïm Bliah, dayan à Tlemcen  (Tlemcen, 1832 – Tlemcen, 28 novembre 1919)
Jean Laloum est chercheur au CNRS (GSRL-IRESCO). Auteur des Juifs dans la banlieue parisienne des années 20 aux années 50, CNRS Éditions, 1998, il prépare un ouvrage consacré à : Une histoire de Pletzl, le quartier juif du Marais, des débuts du XXe siècle aux années cinquante.

Monique Lévy

Monique Lévy, agrégée de l’Université, est secrétaire générale de la Commission française des archives juives.

Coll. Émile Touati.
1
Fils du rabbin Abraham Bliah, il reçut l'ordination rabbinique à Tlemcen après y avoir étudié auprès de son oncle et sandak (l'homme qui tient le jeune garçon pendant la circoncision), le dayan (juge rabbinique) d'Oran Haim Kasby, de Salomon Chouraqui, de Juda Laskar, de Jacob Médioni et d'Abraham Enkaoua. En 1867 il devint l'adjoint du dayan de Tlemcen Messaoud Rouas, puis lui succéda, probablement en 1872. Du 26 octobre 1883 au 20 mai 1890 il assura l'intérim du poste de rabbin rétribué par l'État à Tlemcen, mais la demande, en 1885, du consistoire d'Oran emmené par Simon Kanoui et soutenu par la majorité de la communauté de Tlemcen pour que le Consistoire central le proposât comme rabbin communal de Tlemcen n'aboutit pas, le Consistoire n'acceptant que des rabbins issus du Séminaire de Paris.

2
Pendant un demi-siècle – nommé dayan à Oran dans les années précédant la Première Guerre mondiale, il n'a jamais pris possession de son poste –, il assuma de fait la direction spirituelle de la communauté de Tlemcen dans un esprit mêlant traditions et tolérance. Il n'abandonna jamais le costume des Juifs de Tlemcen et resta fidèle à l'antique tradition locale d'érudition hébraïque et talmudique, qu'il faisait revivre tant par l'édition de l'ouvrage médiéval du « Rab de Tlemcen » que par l'enseignement qu'il donnait à ses très nombreux élèves ; il fonda aussi peu après 1890 une société, Beth Jacob (en l'honneur du concepteur du projet, Jacob Goldman), dévolue à l'acquisition de journaux et d'ouvrages en hébreu. Préoccupé d'un autre côté par les difficultés dans l'application des lois halachiques que suscitait la modernisation de la vie courante, et désireux d'enrayer la désaffection des fidèles, il prit une position libérale : il encouragea l'abandon des métiers traditionnels, se résigna à voir les conscrits s'éloigner de leurs synagogues, interdit la célébration du mariage religieux avant le mariage civil, et confirma le jugement de David Cohen, dayan d'Oran, qui considérait comme veuve une femme dont le mari avait disparu en mer. Il entretint des rapports dénués d'animosité avec les quatre rabbins consistoriaux qu'il vit passer à Tlemcen, et pendant la Grande Guerre demanda dans un sermon la protection divine pour les armes françaises. Il était aussi un chaud partisan du sionisme. Objet de la considération des autorités rabbiniques de son temps dans le monde entier (autorités avec lesquelles il correspondait), il le fut de la vénération de ses fidèles jusque longtemps après sa mort, à l'image de celle qu'ils vouaient au rabbin médiéval Ephraïm Al'Nkaoua.

3
Marié à Saada Bénichou, il en eut cinq enfants, dont un fils ministre-officiant à Oran entre les deux guerres, Abraham Bliah, et un fils rabbin à Tlemcen, Menahem Bliah ; un troisième fils mourut à l'âge de 20 ans. Une de ses filles, Hanna, institutrice selon la tradition familiale, épouse de Chalom Touati, fut la mère du rabbin Haïm Touati.

Jean Laloum

Jean Laloum est chercheur au CNRS (GSRL-IRESCO). Auteur des Juifs dans la banlieue parisienne des années 20 aux années 50, CNRS Éditions, 1998, il prépare un ouvrage consacré à : Une histoire de Pletzl, le quartier juif du Marais, des débuts du XXe siècle aux années cinquante.

Monique Lévy

Monique Lévy, agrégée de l’Université, est secrétaire générale de la Commission française des archives juives.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)