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H'na Barra ou le désarroi de la femme algérienne




H'na Barra ou le désarroi de la femme algérienne
Les projections des films programmés à la 5e édition du Festival international du cinéma engagé d'Alger se sont poursuivies, samedi dernier, avec la présentation à la salle El Mouggar du documentaire H'na barra (Nous dehors) de Bahia Bencheikh El Feggoun et Meriem Achour Bouakkaz. D'une durée de 52 minutes, ce documentaire donne, à travers les discussions qu'engagera le personnage principal du documentaire, Manel, la parole à des jeunes femmes qui ont accepté de témoigner de leur rapport vis-à-vis du port du hidjab.Sous la pression de la société machiste et la religion, Manel se sent étouffée par son voile et ne se reconnait plus face au miroir. La jeune fille, qui a porté le voile par mimétisme, ne se sent plus elle-même et pense l'enlever.Cependant, avant de passer à l'acte, elle part à la rencontre de plusieurs femmes pour leur demander leur avis sur la question. Face à la caméra, lesprotagonistes se lâchent et parlent librement du hidjab.Entre celles qui sont pour et les autres qui sont contre, il apparaît que le port du voile n'est pas toujours dicté par le souci d'appliquer la religion, mais qu'il permet aussi à certaines jeunes femmes de se faire respecter et accepter par une société hypocrite et bicéphale. Au-delà de l'aspect religieux, le voile est devenu dans la société algérienne une sorte de garant de la moralité des filles et est synonyme d'un comportement exemplaire de leur part. Dans un espace public dominé par une gent masculine frustrée, les femmes présentées dans le documentaire expriment leur désarroi, leur incompréhension, voire leur révolte contre cette société qui les opprime. Parmi les femmes interrogées par Manel, on découvre une médecin non voilée qui assume parfaitement son apparence et défend le libre-arbitre. On retrouve aussi une jeune sétifienne qui, elle, après une longue période passée avec le voile, a décidé de l'enlever. Elle raconte son histoire et affirme qu'il ne s'agit pas d'un acte anodin. Car, en Algérie, la femme est considérée comme la «propriété» de son père, de son frère ou de son époux. Les larmes aux yeux, elle se confie face à la caméra et raconte comment, suite à sa décision d'enlever le hidjab, elle a perdu des amies et s'est attirée les foudres de la société.Les deux réalisatrices tournent par la suite leur caméra vers une autre femme qui est très pieuse, mais ne porte pas le voile. Elle explique qu'il s'agit d'un choix personnel et que seule elle a le droit de décider de porter le hidjab ou pas.Abordant un thème très intéressant, épineux, voire polémique, qui est lerapport de la femme à l'espace public et le voile comme moyen pour passer inaperçue, le documentaire nous éclaire sur le désarroi de la femme algérienne et la perte de ses repères identitaires.Prises entre les exigences de la société et les règles religieuses, que fait d'ailleurs valoir cette société pour assujettir les femmes, même en recourant à des interprétations de la religion, la femme a du mal à prendre et assumer des décisions qui pourtant ne concerne qu'elle. Même si techniquement le documentaire accuse des lacunes, il a toutefois le mérite de faire parler des femmes sur un sujet épineux. D'ailleurs, l'une des réalisatrices a affirmé avoir eu beaucoup de mal à récolter des témoignages et qu'un bon nombre de femmes ont changé d'avis à la dernière minute.W. S. M.




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