Algérie

H'mida le brave




« Si tu meurs tu seras chahid, si tu accomplis la mission sans embûches tu seras ancien moudjahid ». H'mida sourit, il ôte sa veste dans le bureau du directeur et se met à escalader les murs sous le regard fasciné des écoliers. Un silence cérémonial. L'escalade était dangereuse, mais n'est pas héros qui veut. Ce jour, sous un ciel couvert, les élèves de Madrasset el Fallah, cette école qui a nourri les meilleurs enfants de la ville par le passé, devaient procéder à la descente des couleurs et entonner l'hymne national avant de rejoindre leur domicile. Mais ne voilà-t-il pas que le drapeau s'embrouille entre des fils électriques, plus possible de le bouger. Voilà ce qui a poussé H'mida le cinquantenaire à risquer sa vie. Libérer l'étendard. Grande leçon de bravoure sous les yeux des enfants. H'mida Zabana est mort pour ce drapeau, H'mida Mahouz brave le danger pour donner l'exemple de nationalisme. Non, il n'y avait ni photographe, ni équipe de la télévision, ni pension à la clé. Il n'était ni fonctionnaire ni enseignant sous la coupe du ministre qui a décidé que soit chanté Qassamène matin et après-midi. Il est parent d'écolier. Il est né à Sidi el Houari là où est enterré le ouali. Son père Ahmed et sa maman Ameur Zina, puisse Dieu leur accorder sa Miséricorde, l'avaient prénommé H'mida, comme Zabana, le premier chahid guillotiné... Arrivé au sommet, au niveau du drapeau embourbé entre les fils électriques dans cette nouvelle « ligne Morice », d'une main leste et d'un geste digne des grandes chorégraphies, il prend le drapeau le met autour de son cou avant de descendre sous les youyous des institutrices, les chants, les cris et applaudissements des enfants. Le chef d'établissement le remercie et lui offre au nom de toute l'école, un cartable. H'mida ne travaille pas et son enfant avait besoin de cartable. En sortant de l'établissement, il croise un enfant transportant un jerrycan. « Comment se fait-il que tu ne sois pas à l'école toi ? » - Je n'ai pas de cartable Ammi... - Ah bon ? » Il lui offre alors le cartable qui était destiné à son enfant. C'est vous dire que des H'mida Zabana, Oran n'arrête pas d'en enfanter. Cette histoire est vraie.
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